Le retour de L.A. et le groupe Amaury Un autre point de vue

Ayant lu en ce début de moi, avant le départ du Tour de France, je ne résiste pas à vous mettre l\'article de Gérard Muteaud paru dans le Nouvel Observateur du 2 juillet dernier. Il apporte un éclairage quelque peu différent sur le retour de L.A. et les tractations qui l\'ont précédé ainsi que sur la gestion du groupe Amaury (propriétaire de l\'Equipe et via sa filisale, ASO, organisateur du Tour de France).


Voici donc l\'article :

Madame Amaury et sa cassette

Le 4 juillet à Monaco, Lance Armstrong partira à la conquête de son 8ième maillot jaune. Un retour scénarisé par Marie-Odile Amaury, patronne du tour et chantre de l\'actualité heureuse du sport.


« Marie-Odile ? Une cervelle de moineau sous un casque à pointe ». L\'auteur de la formule réclame l\'anonymat. C\'est que la flèche décochée vise l\'un des personnages des plus puissants du business sportif et de la presse. Inconnue du grand public, Marie-Odile Amaury, PDG du groupe éponyme depuis le décès de Philippe, son mari, en mai 2006 est la vraie patronne du Tour de France. En moins d\'un an, elle a rendu possible le retour du médiatique et controversé Lance Armstrong sur les routes de la Grande Boucle. Le septuple maillot jaune, ressuscité d\'un cancer, en produit d\'appel ? Oubliés les soupçons de dopage et le passé sulfureux du coureur américain. Place au barnum sportif et à la résurrection de Lance l\'invincible. Le Tour, mis à mal ces dernières années, est la pépite du groupe Amaury qui, à travers sa filiale ASO (Amaury Sport Organisation), réalise l\'essentiel de ses profits (35 millions d\'Euros pour 150 millions de chiffre d\'affaires).
Réputée autoritaire, la dame a montré depuis un an que les moineaux ont de la suite dans les idées. Premier à en faire les frais : Patrice Clerc, arrivé en 2000 à la tête d\'ASO, deux ans après le scandale Festina qui avait exposé un vaste réseau de dopage pendant le déroulement de l\'épreuve. Il travaillait à « faire du Tour un produit bio durable sous peine de voir les sponsors lâcher le cyclisme les uns après les autres », explique un journaliste de l\'Equipe. Une tâche ardue face à la puissante Union Cycliste Internationale (UCI), dont le laxisme à l\'égard du dopage est un secret de Polichinelle. En 2008, le président d\'ASO avait écarté la sulfureuse formation Astana, dont le coureur vedette, Alexandre Vinokourov, avait été contrôlé positif l\'année précédente. Au grand dam de l\'UCI, qui avait, elle, accordé une licence à l\'équipe kazakhe. Patrice Clerc était sorti vainqueur de ce bras de fer : la famille des coureurs ayant choisi de se ranger à ses cotés malgré les menaces de sanctions proférées par l\'ombrageux Hein Verbruggen actuel numéro deux du Comité International Olympique et ex-patron de l\'UCI.
Ce que Patrice Clerc ignorait, c\'est que, dès la fin du Tour 2008, Marie-Odile Amaury négociait en coulisse avec l\'UCI. Artisans de ce rapprochement, Jean-Claude Killy, membre du CIO, proche de Verbruggen et ancien dirigeant d\'ASO, et le nouvel homme fort du groupe Amaury, son bras droit Alain Krzentowski, surnommé « KRZ ». Ce dernier n\'a pas eu de mal à convaincre sa patronne de l\'intérêt qu\'il y avait à se rapprocher des membres influents du CIO. « En faisant la paix avec l’UCI et Verbruggen, explique Pierre Ballester, coauteur du livre « Le sale Tour » (Seuil, Juin 2009), ASO est assuré d\'être l\'opérateur des droits télé des nouvelles épreuves cyclistes en Russie et en Asie, et de participer aux appels d\'offre lancés par la grande famille Olympique. » L\'accord de paix est signé dès la fin des JO de Pékin. Trois semaines après ce revirement stratégique, Patrice Clerc est sacrifié sur l\'autel de l\'iintérêt général avec un gros chèque pour le prix de son silence. Il est aussitôt remplacé par Jean-Etienne Amaury, 33 ans, fils de Marie-Odile et héritier de l\'empire avec sa sœur Aurore, 33 ans. Lance Armstrong, très demandeur, peut alors organiser son retour sur la Grande Boucle après trois années d\'absence.
« Je suis là pour poursuivre l\'œuvre de mon mari », avait déclaré Marie-Odile avec des sanglots dans la voix devant les dirigeants du groupe début 2008. Elle venait pourtant de balayer le travail accompli par l\'équipe mise en place par Philippe Amaury pour préserver la crédibilité du Tour. L\'histoire ne sera pas racontée par elle. Mme Amaury refuse toute demande d\'interview. Pourtant diplômée de l\'école de journalisme de Strasbourg, elle n\'entend rien aux exigences de transparence du monde moderne. La communication n\'est pas sa tasse de thé. Longtemps, elle s\'est tenue dans l\'ombre de son mari. Plus femme de notaire que Mata-Hari. Le règne de Philippe, qui a duré vingt-deux années, était ponctué de ses sautes d\'humeur terribles. Legs d\'un paternel, Emile, le fondateur du « Parisien », mort d\'une chute de cheval, qui n\'hésitait à faire s\'agenouiller ses employés dans son bureau et tenait froidement ses enfants à distance. Marie-Odile, née Kuhn, famille de la bourgeoisie catholique Alsacienne, pansait les blessures de Philippe.
Depuis la reprise en main du groupe, les salariés ont découvert ce qui se cache sous son brushing roux, sévèrement travaillé. A « L\'Equipe », on n\'a pas oublié sa première irruption à la conférence réunissant les cadres du quotidien sportif. Malgré une année 2008 riche en évènements sportifs -Coupe d\'Europe de Football en Allemagne et JO de Pékin-, le fleuron du groupe de presse perd encore des lecteurs. En 2009, il affichera pour la première fois de son histoire un bilan négatif. Il y a urgence. La direction a trois mois pour redresser la barre. Et surtout se plier à la ligne rédactionnelle qu\'elle dessine : fin de l\'investigation et des grandes enquêtes sur le dopage, place à l\'actualité heureuse du sport. Les champions sont là pour faire rêver le lecteur, pas pour l\'ennuyer avec des histoires de triche, de drogue ou de violences racistes. « Lire « L\'Equipe » doit être comme une bouffée de bonheur », explique Marie-Odile à ses troupes abasourdies. Le journal, qui sous la plume de Damien Ressiot avait sorti en 2005 le scoop sur le dopage de Lance Armstrong, est sommé de rentrer dans le rang. « Dès sa première entrée en piste, elle sonnait le glas de vingt ans d\'indépendance rédactionnelle, confirme un journaliste souhaitant, lui aussi, garder l’anonymat. La reprise en mains a été terrible et elle a été relayée avec zèle par certains ».

Priorité au spectacle sportif
« Ils sont mal rasés et habillés comme des cochons », aurait lancé la patronne au cours d\'une de ses descentes dans la rédaction. Trois mois après cette opération coup de poing, les premières têtes tombent : Christophe Chenut, le directeur général, et Claude Droussent, le directeur des rédactions (papier, télé et internat), sont démissionnés. Quelques semaines plus tard, c\'est au tour de Michel Dalloni, directeur de la rédaction, de plier bagage pour divergences stratégiques. Son remplaçant, Rémy Dessart, ne dépassera pas les huit mois. La synergie entre le web, la télé et le journal est remise aux calendes grecques. Priorité au spectacle sportif. « Dans une entreprise classique dotée d’actionnaires, affirme un ancien responsable qui critique une absence de stratégie d’envergure, Mme Amaury ne serait plus aux manettes depuis longtemps ». En attendant, ses enfants, Aurore et Jean-Etienne, peuvent dormir sur leurs deux oreilles. Le groupe, récemment valorisé à 2 milliards d\'Euros, dispose d\'un trésor de guerre estimé à plus de 280 millions d\'Euros. Et le Tour a retrouvé son plus fidèle héros.

GERARD MUTEAUD

Votre opinion? Personnellement, je suis heureux de voir que l\'on puisse encore voir ce type d\'article présentant les chose de manière autre puisse encore paraître.

Le rachat du TdF par L.A. a toujours été d\'actualité depuis mainteant pas mal de temps. Retour sur le vélo ou non.

Par contre, je ne sais pas si Amaury voudra bien vendre cette épreuve phare qui lui rapport le plus de tout ce qu\'ils ont en portefeuille. Ce sera sans doute question de prix....