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De la souffrance physique et mentale...

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il y a 10 ans 10 mois - il y a 10 ans 10 mois #105182 par Cricridamour
Suite au sujet lancé par Skippy, qui traite en fait de la souffrance qu’on peut s’imposer en sport.

www.vo2cycling.fr/forum/ski-de-montagne-ski-alpi...inish-ismf-world-cup


Voici un extrait d’un (très long) CR que j’avais écrit en 2011. Je n’en publie qu’un extrait, car il s’agit de trail, et ne veux pas polluer ce site qui est quand même dédié au cyclisme à la base. Il parle de souffrance physique et mentale, et ces souffrances, je les ai aussi parfois vécues à vélo, mais jamais à cette intensité ni sur cette durée.
J’avais fait lire ce CR à une de mes connaissances, qui n’est pas sportive, et je me suis fait traiter de malade mental. Qu’en pensez-vous ?
PS : j’ai changé les prénoms des tierces personnes.

Le contexte : Trail Verbier St Bernard. 61 km et 4000 d+ et autant d-.
Petit résumé des 7 heures précédentes : ça va très mal, je me suis blessé aux deux chevilles, j’ai une douleur très inquiétante à un genou, et depuis quasiment le départ, j’ai l’estomac en vrac, ne peux donc pas m’alimenter comme je le voudrais, et donc mes forces me lâchent au fil des km. Et surtout, mon mental chancelle sévèrement depuis un bon moment. Et l’envie d’abandonner me taraude depuis cinq heures de temps.


Lourtier, ouf ! Beaucoup de monde. Ma ravitailleuse avec le bus, une chaise de camping à l’ombre pour me poser, bien joué, excellent.

Qu’est-ce je fais ? Je continue, où je m’arrête ici ?

Il reste 1100 m d+ de montée très raide, et 800 m d- de descente toute aussi raide, en fait c’est la partie la plus pentue de toute la course qui commence ici : le traceur du parcours est un pervers sadique ! J’avais mis 2h10 relax à l’entraînement d’ici à Verbier. Je me lave la tête à grands coups d’eau, regarde mon chrono. En fait je n’ai rien perdu dans la descente depuis la cabane de Mille. Je peux encore effectivement viser 9h30/10h.

Bon, alors qu’est-ce que je fais ?

Allez, je ne veux pas avoir de trop gros regrets plus tard : je continue ! D’ailleurs, je n’ai jamais abandonné sur une course, à part sur blessure ou grosse casse mécanique sur le vélo, alors ce n’est pas aujourd’hui que je vais commencer, nondetcheu va !

Lourtier-La Chaux

Je remplis une demie gourde avec du Coca, plus une entière avec de l’eau. J’embarque quelques gels, Biberlis et Farmer, tout ça en ayant la nette sensation de me préparer à monter sur l’échafaud : c’est sûr, je vais la roter comme jamais. Jusqu’ici, c’était une aimable promenade de santé par rapport à la suite. Je dois avoir un grain pour faire des choses pareilles, et en plus, je paie pour ça.
Je passe le ravitaillement officiel, très fourni, quelques concurrents, un coup de scan, et c’est reparti.

C’est raide, avec le départ en plein soleil. Si c’est aussi pentu que dans mes souvenirs, c’est surtout beaucoup plus long. Je mets un temps fou pour dépasser les feuillus et arriver dans les sapins. Je n’ai plus de jus dans les jambes, heureusement que je peux m’aider avec les bâtons. Et toujours cette envie de vomir, quasi impossible d’avaler quoi que ce soit.
Là, ça devient vraiment très très dur.
C’est le mental qui me fait monter, un mètre, encore un mètre, et encore un mètre. Mais je grimpe très très lentement, beaucoup trop lentement. Mais quelle punition je suis en train de subir : qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça, devoir en baver autant ?
Quelques concurrents, je n’ai pas dit coureurs, me rattrapent, j’essaie de prendre les roues.
Mais en fait, il ne faudrait plus parler de concurrents, mais de participants. Car depuis maintenant un sacré bout de temps, tout le monde fait sa propre course, contre lui-même, seul dans son petit monde, au mental. Mon seul concurrent en ce moment, c’est moi-même. Et qu’est-ce qu’il est coriace !

Le genou ne me gêne pas trop dans la montée. Mais je commence à sentir que gentiment mais sûrement j’attrape le loup entre le haut des cuisses à cause de la transpiration et des frottements: mrd, mrd, mrd, de tcheu de tcheu, aujourd’hui c’est vraiment les emmerdes toutes options ! La dernière fois que j’ai attrapé le loup, c’était il y a 25 ans. Et il faut que ce soit pile aujourd’hui que cette sale bête réapparaisse.
Mais qu’est-ce que je suis venu faire dans cette galère ? Val de Bagnes, c’est vraiment le bagne aujourd’hui. Mais je suis vraiment c.. ou quoi ? Mais pourquoi n’ai-je pas abandonné depuis longtemps ?

Certains font du golf, d’autres jouent au tennis, d’autres encore passent leur temps libre devant la télé en mangeant des chips. Et moi ? J’ai choisi il y a longtemps de faire du sport en montagne et aujourd’hui je la rote comme une bête dans une dérupe interminable ! Je suis vraiment un abruti. Non, je suis le dernier des abrutis !

La tentation de faire une pause est très forte. Au bout d’un moment, je me prétexte à moi-même un arrêt pipi pour faire un petit break de 3 minutes. Paradoxalement, il me fait du bien physiquement, mais pas mentalement, car je culpabilise un maximum.

Je pensais être au plus mal après trois heures de course. J’ai pensé ensuite toucher le fond trois heures plus tard, avant le col de Mille. Mais maintenant, je suis en train de creuser le fond du trou encore plus profondément. Cette fois, on peut vraiment dire que c’est le bout de mes forces et de mon mental.

Mais non, non et non ! En fait il pourrait pleuvoir, avec 3 degrés, je pourrais être gelé et trempé, il pourrait faire nuit avec la lampe en panne, le tout avec une migraine carabinée, plus la tourista, ainsi que des crampes, des tendinites et des grosses cloques aux pieds ! Tout pourrait donc être encore nettement pire. Tcheu ! Il faut que je me sorte de cette spirale mentale négative ; allez, il faut absolument que je positive, que je me ressaisisse. Je ne suis pas encore parvenu au bout du bout du bout de tout au bout.
Alors serre les dents, avance, croche et laisse pas tomber, nondetcheu de nondetcheu!

Les quelques concurrents qui me doublent sont souvent accompagnés par quelqu’un d’extérieur à la course. C’est une bonne idée, ça doit aider beaucoup psychologiquement.

Je dépasse enfin la limite des arbres et décide de m’assoir sur un caillou pour faire une nouvelle pause. Car j’en suis plus à 5 minutes près. En face, le massif des Combins, et aussi le col de Mille, si loin. C’est fou la distance qu’on peut parcourir à la seule force des jambes et du mental.
A peine assis depuis une minute, je vois arriver une concurrente en blanc sans bâtons : mais c’est toi, Gwendoline ? Elle lève la tête, mais ne dit rien. Si si, c’est bien elle. Je l’ai croisée plusieurs fois sur des courses de ski-alpinisme. Et à Sierre-Zinal, je suis beaucoup plus rapide qu’elle. Alors la voir arriver là, ça me plombe encore un peu plus le moral.
Gwendoline n’est pas de toute première fraîcheur, n’a pas l’air bien du tout en fait, avec une mine et un rictus à faire peur. Elle s’arrête tous les dix mètres, pliée en deux. Visiblement, elle est vraiment en train d’en ch..r un maximum.
Mais malgré tout, elle monte plus vite que moi, ou plutôt moins lentement, puisqu’elle m’a doublé. Mon allure doit donc ressembler à celle d’un zombie asthmatique.

Tcheu, faut que je m’accroche absolument, ne pas la perdre de vue.
Allez allez allez! Un très gros effort sur moi-même pour rassembler le peu de forces qui me restent. Et ça fonctionne encore : c’est incroyable les ressources qu’on arrive toujours à trouver, même quand on pense qu’on en a plus. Je ne suis donc pas encore parvenu à ma limite. Mais en fait, ce n’est pas la force physique qui me fait défaut, mais la volonté de tout donner et de me faire vraiment mal. Inconsciemment, je fais peut-être déjà de la récup, car je n’ai pas envie de me cramer complètement ou d’avoir des séquelles. Car je n’avais pas misé toute ma saison sur ce Verbier St Bernard. Et en plus, voilà presque 8 heures que je fonctionne quasi uniquement au moral, alors mes réserves de mental sont presque épuisées.

J’arrive sur le plat avant La Chaux, avec une énorme peine pour me remettre à courir. Mais j’y parviens quand même. Le genou, ce n’est pas le top du tout. Comment vais-je réussir à faire la descente avec ça ? Et l’irritation aux cuisses à cause des frottements, c’est plus que très pénible. Et que dire de mes chevilles, surtout la gauche ? Ca sera sûrement une vision d’horreur sanguinolente quand j’enlèverai mes chaussettes.

Enfin le sommet et le ravito ! Gwendoline est encore là, on échange quelques mots. Je lui confie que Anatoline m’a posé après Bourg St Pierre et que ça m’a tué. Elle me répond que les montées à ski de moins de 60 minutes et un trail de dix heures, ça n’a rien à voir. Ben effectivement, je confirme !
Au ravitaillement, je n’avale rien, impossible.
Perdu 40 minutes dans cette montée. Que dire ?

La Chaux-Verbier

Bon, la suite. Un petit km à plat, avec une petite montée insignifiante en temps normal, mais pas ce soir. Je dois vraiment me forcer pour arriver courir, et pas à la vitesse d’un sprinter jamaïcain.
On arrive au sommet de la dernière grosse descente, que je redoute vraiment.
Et là, après dix mètres, non, ce n’est tout simplement pas possible, jamais je n’y arriverai. C’est comme si je recevais un coup de couteau dans le genou tellement j’ai mal. A hurler ! Je m’aide avec les bâtons, presque sur une seule jambe. Et c’est si raide ! Je suis obligé de m’arrêter, je ne peux pas faire un seul mètre de plus. Impossible.
La douleur est intolérable. Insupportable.
Je m’accroupis au pied d’un gros caillou.


Voilà, c’est fini…


Pour moi, le trail Verbier St Bernard s’arrête ici.

L’arrivée est à 40 minutes à tout casser.

Phoque….



Et maintenant, qu’est-ce que je fais ?

J’appelle l’organisateur pour qu’il vienne me chercher ? Il y a une route juste au-dessus.
Allez, une pause, dans un moment j’aviserai.
En face, les Dents du Midi, si belles, et le soleil qui se couche. C’est si beau la montagne, mais aussi si dur parfois.

Et tout le reste est si futile,
futile,
futile…
Ne plus penser, ne penser à rien…



Et puis ça m’énerve, tcheu, rien ne va, à commencer par l’estomac, et ceci depuis 8 heures de temps au moins, saféch mrd !! Et si je me mettais le doigt dans la gorge pour me faire vomir une bonne fois pour toute ? Peut-être que ça irait mieux ? J’essaie plusieurs fois, mais rien ne sort, que des convulsions. Mais j’ai quand même l’impression que ça va mieux.
Des participants passent régulièrement, et tous me demandent comment ça va.
Bon, après l’estomac, voyons les chevilles. J’écarte la chaussette droite pour commencer par la moins pire, et ce que je vois ne m’incite pas à regarder l’autre cheville. La chaussette gauche est rouge…. Bon, autant ne rien faire et régler ça plus tard. Surtout, je n’en ai pas le courage.
Et le loup ? Je baisse mon legging. Toute la zone est bien irritée et rouge, mais ça a l’air moins grave que je pensais. Et la douleur est supportable, surtout par rapport au reste.
Et le genou ? Ben ça je ne le saurai que si je repars. Mais j’ai l’impression que cette pause et surtout cette position accroupie pendant 15 minutes m’ont fait du bien. Allez, je tente le coup ? De toute façon, je ne vais pas passer la nuit ici.

Je lève la tête.

Je rassemble tout l’influx qu’il me reste.

Je respire un grand coup.

Et je m’ordonne à moi-même :

MON GRAND, LEVE-TOI ET MARCHE !

Debout. Je suis debout.
Quelques mètres très laborieux, puis, à l’aide des bâtons, un peu en dandinant et avec le pied plus tourné vers l’extérieur, ben finalement je marche, alléluia un miracle !
Au fil des minutes, j’arrive même à accélérer, et même à courir, mais si ! C’est très douloureux, mais au moins j’arrive à avancer.
Le sentier est très raide et technique, avec beaucoup de racines et de rochers. Un faux pas est vite arrivé, alors attention, il ne manque plus qu’une bonne gamelle dans un sapin à mon tableau de chasse. Heureusement, il fait encore suffisamment jour.
Je n’en reviens pas, je redouble des concurrents, dont au moins deux en train de pleurer tellement c’est dur !
Enfin en bas de la partie la plus pentue, quelques faux plats, puis une courte montée sur route. J’arrive à la faire sur un bon rythme, quasi aucune douleur, les puls remontent, en doublant encore des gens.
Mais ce n’est pas possible un regain de forme pareil !

Voilà. Fin de l’extrait
Dernière édition: il y a 10 ans 10 mois par Cricridamour.
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  • skippy
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il y a 10 ans 10 mois #105185 par skippy
Réponse de skippy sur le sujet De la souffrance physique et mentale...
Joli récit !

Je ne serai jamais capable d'aller aussi loin dans le douleur ça c'est sûr !!!

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il y a 10 ans 10 mois - il y a 10 ans 10 mois #105190 par Zeo
Réponse de Zeo sur le sujet De la souffrance physique et mentale...
Beau récit comme je les aime! :-)
Par contre tu as dépassé les limites acceptables. (de mon point de vue j'entend).
Autant j'accepte volontiers la souffrance musculaire et de me vider de toute énergie autant je n’accepterai jamais de me mutiler ou de me blesser pour finir une course.

Après chacun met les limites où il veut. ;-)
Dernière édition: il y a 10 ans 10 mois par Zeo.

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il y a 10 ans 10 mois #105197 par Gawain
Je ne vais pas apporter grand chose au sujet, mais j'ai lu ton texte avec beaucoup de plaisir. D'autant plus que ça se déroule dans mon terrain de jeu favori et que je connais par cœur les sentiers dont tu parles.
C'est possible de lire le reste ? (en MP si tu veux).

\\\\\\\"When I see an adult on a bicycle, I do not despair for the future of the human race.\\\\\\\"
H. G. Wells

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il y a 10 ans 10 mois - il y a 10 ans 10 mois #105198 par Cricridamour
Salut Zeo

Merci d'exprimer ton point de vue. :good:

Je te rassure, je me pose aussi des limites. ;-)

Il n'y a que le genou qui m'inquiétait un peu sur le moment, le reste, je savais que ce n'étaient que des bricoles, pénalisantes et chi...tes sur le moment certes, mais que des bricoles quand même.
Deux jours après la course, plus de douleurs, sans médocs, ni massage ou consultation, puis dix jours de repos complets, ensuite reprise de l'entrainement, axé nettement sur la vitesse. Et six semaines après ce trail de 10h40, je pulvérise mon meilleur temps à Sierre-Zinal (3H45), quasi à fond du début à la fin, à 161 puls de moyenne, en ayant une pêche monstrueuse. :woohoo: Et je précise bien que je ne bois "que de l'eau" ;-)

Je pense avoir pas mal d'expérience, d'être très à l'écoute de mon corps et de mes sensations pour ne pas franchir la ligne rouge. Et ce jour-là sur ce trail, cette ligne n'était pas atteinte, clairement. Je sais que les trails de dix-onze heures sont ma limite, au-delà je tape trop dans mon organisme.
Des douleurs aux genoux, des fois à droite, d'autres fois à gauche, j'en ai eu à chaque trail de cette durée. J'interprète donc cela comme un signal d'alarme de mon corps, qui me dit attention, ça suffit, il y a la dose, là. :lunettes:
Je n'ai jamais parlé de mutilations. Ce n'est peut-être pas évident en lisant le texte ci-dessus, mais ce n'est qu'un extrait, je le rappelle. En fait, le texte complet est clairement axé sur la souffrance mentale, sur le pourquoi et comment j'ai réussi à chaque fois à passer outre les moments de découragement. Et j'ai éprouvé le besoin, après la course, de mettre par écrit ces différents états d'esprit que j'ai traversés, cette alternance de moments de baisse de moral et d'auto-remotivation. Car ce processus n'est pas propre à ce sport en particulier, mais se retrouve partout, et même dans la vie de tous les jours. Faire cette course et surtout la finir, puis mettre tout ça par écrit, m'a apporté beaucoup plus que quelques irritations et écorchures.

A la base, je suis un cycliste. Mais j'aime varier les sports. Dont les trails. La course à pied de manière intensive, de toute façon, est un sport traumatisant, rien à voir avec le vélo. Moins on en fait, mieux c'est. Et je ne parle même pas des ultras de 80 km et plus, selon moi clairement pas bons pour la santé. (je vais sûrement en faire hurler certains, mais j'assume) Mais bon, j'aime quand même aller courir :wonder:

Ceci dit, ma plus grosse blessure en pratiquant du sport, je me la suis faite à VTT et à l'entrainement. Comme quoi.... ;-)

A+
Cricri
Dernière édition: il y a 10 ans 10 mois par Cricridamour.

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il y a 10 ans 10 mois #105199 par Cricridamour

Je ne vais pas apporter grand chose au sujet, mais j'ai lu ton texte avec beaucoup de plaisir. D'autant plus que ça se déroule dans mon terrain de jeu favori et que je connais par cœur les sentiers dont tu parles.
C'est possible de lire le reste ? (en MP si tu veux).


Merci de ton feedback.

Pour le texte complet, il faudrait que je l' "anonymise" un peu. Je regarde ça et je te l'envoie. Mais je sais pas encore quand, ces temps, je bosse et ... je fais du sport. :P

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il y a 10 ans 10 mois #105203 par skippy
Réponse de skippy sur le sujet De la souffrance physique et mentale...

A la base, je suis un cycliste. Mais j'aime varier les sports. Dont les trails. La course à pied de manière intensive, de toute façon, est un sport traumatisant, rien à voir avec le vélo. Moins on en fait, mieux c'est. Et je ne parle même pas des ultras de 80 km et plus, selon moi clairement pas bons pour la santé. (je vais sûrement en faire hurler certains, mais j'assume) Mais bon, j'aime quand même aller courir :wonder:


Alors là100% en ligne avec toi :yaisse:

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il y a 10 ans 10 mois #105213 par Sfay
Beau récit, c'est vrai qu'a pied c'est beaucoup plus dur de lutter contre cette souffrance morale, ces doutes qui peuvent t'affecter. En Vélo il y a toujours des moments un peu plus facile ou il est "plus simple" de se redonner du baume au cœur, a pied ça monte c'est dure, ça descend ça fait mal.
Pour les limites, on fait du sport pour se fixer des défis, on va forcément tous trop loin surtout dans ces moments là...

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il y a 10 ans 10 mois #105215 par icare
Le côté destructeur de la CAP c'est ce qui m'a fait arrêter alors que j'adorais et que j'étais en train de me tourner vers une pratique montagne. Le vélo de ce point de vue occasionne beaucoup moins de dégâts (encore ne faut-il pas chuter...).
En revanche personnellement, je ne trouve pas que la souffrance soit moindre à vélo (sauf en descente c'est vrai bien qu'il soit possible de se faire mal aussi lorsqu'on veut reprendre un groupe , qu'on a un braquet trop petit et les jambes autour du cou...), car le mal aux jambes à vélo c'est quelque chose de terrible quand même ...

Je me demande si ces différences de perception de la souffrance ça n'a pas à voir avec le côté cardio/pulmonaire de la CAP et le côté musculaire du vélo et au fait qu'en ce qui me concerne du point de vue musculaire je morfle pas mal et peut être moins du point de vue cardio/pulmonaire ? :icon_ohwell

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il y a 10 ans 10 mois #105218 par Sfay
Je parlais uniquement du côté souffrance morale qui vraiment le point crucial passe une certaine durée d effort, cette différence ressentie vélo cap me viens peut être de ma pratique du triathlon. Je n en suis pas sur.

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il y a 10 ans 10 mois #105222 par icare
Désolé, je ne voulais pas te contredire sur le côté plus ou moins éprouvant de la souffrance morale en CAP. Je ne connais pas les épreuves de très longue durée d'efforts en CAP n'ayant pas trop vécu de courses longues ( Mont D'or, semi et un marathon ... :blush: )

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il y a 10 ans 10 mois #105224 par Sfay

Désolé, je ne voulais pas te contredire sur le côté plus ou moins éprouvant de la souffrance morale en CAP. Je ne connais pas les épreuves de très longue durée d'efforts en CAP n'ayant pas trop vécu de courses longues ( Mont D'or, semi et un marathon ... :blush: )


Y a pas de contradiction, le but c'est d'échanger ;-)

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il y a 10 ans 10 mois #105228 par Fredhamster

Le côté destructeur de la CAP c'est ce qui m'a fait arrêter alors que j'adorais et que j'étais en train de me tourner vers une pratique montagne.


Je prends un peu le même chemin là. Dès que je cours sur bitume je morfle des chevilles. Là je boite depuis 8 jours des suites de ma dernière sortie CàP sur bitume avec quelques descentes. Bon OK avec des chaussures assez pourries que je viens de changer mais quand-même je me pose des questions si je vais continuer ou non. Je me dis que tout ça va se renforcer au fil des entrainements mais je me trompe peut-être...

En tout cas sur gazon moins de 25' ça passe bien sans aucune séquelle donc je vais m'y remettre d'ici une semaine.

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il y a 10 ans 10 mois - il y a 10 ans 10 mois #105241 par kikinou16
quand j'étais en école militiare,on a fait de sacré co.n..ie,notamment avec des pieds en très mauvais état pour certains dû aux rangers et surtout "l'obligation" de ne rien lacher au risque d'être viré.je n'ai pas vu l'arrivée du raid synthèse de 120kms,dans ma tête c'était marcher,marcher,marcher on a dû venir me chercher pour que je comprenne qu'il fallait que je m'arrête et que c'était fini :(

En vélo l'étape du tour Gap-l'alpe d'huez en 2006 a été un grand moment avec moi même dû à une mauvaise préparation
en haut de l'Izoard j'en avais déjà assez et il restait 100kms
en haut du Lautaret j'avais les pieds en feu,j'étais cuit
pour cette raison(grosse bétise) j'ai fait la descente à fond jusqu'à Bourg d'oisans me disant que les 14 dernier kms serait une formalité
1h58 pour faire 14 bornes,je montais et descendais du vélo en permanence ma tête me disait stop mais un seul maitre mot:"ne pas abandonner".dans l'alpe un accompagnateur était là pour nous encourager,je me suis demandé pendant un moment qui était ce mec qui me connaissait si loin de chez moi...j'avais quitté ce mec le matin même :(
j'étais fier d'avoir fini mais j'ai mis plusieurs jours à m'en remmettre.Je me suis infligé une trop grosse souffrance et tout ça juste par fierté :blink:
Dernière édition: il y a 10 ans 10 mois par kikinou16.
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il y a 10 ans 10 mois - il y a 10 ans 10 mois #105246 par Cricridamour

Pour les limites, on fait du sport pour se fixer des défis, on va forcément tous trop loin surtout dans ces moments là...


C'est vrai que pendant une course, il est difficile de prendre du recul. Sur le moment on peut prendre des décisions qui ne seraient peut-être pas les même à tête reposée.
C'est pourquoi il faut peut-être écouter ce que disent les gens que l'on côtoye à ces moments là, même si ce que l'on entend ne fait pas forcément plaisir. Surtout si comme moi on a la tête dure :P

Une anecdote: Grand Raid Verbier Grimentz 2008. Mon objectif de l'année. Je m'était préparé comme jamais, tout le début de course se déroule comme dans un rève. A Mandelon, j'était en avance sur mes temps de passage. Mais dans dans la traversée qui suit Mandelon, je me fais une figure acrobatique, et me rattrape de justesse sans tomber. Mais j'ai alors éprouvé une douleur au genou. Et à partir de là, je commence à perdre un temps fou. Au bas de la descente, dans la petite remontée, j'ai bien senti que là, c'est mal barré. J'en parle à mes ravitailleurs à Evolène, ravitailleurs qui sont aussi des sportifs. Ils me conseillent d'abandonner. Je n'avais pas envie d'entendre ça. Alors on décide de faire un massage du mollet, car j'avais l'impression que tout venait de là, et de monter encore sur Eison et d'aviser ensuite.
Et la douleur n'a fait que s'accentuer. Alors à Eison, j'ai écouté mes ravitailleurs, et j'ai abandonné. :(
Et avec le recul, je me dis que c'était la bonne décision, car même en abandonnant assez tôt par rapport à mon seuil de douleur, j'ai quand même mis des mois à me remetrre de cette déchirure musculaire dans un muscle du mollet.

Alors oui, faut écouter son corps, et aussi les bons conseils.
Dernière édition: il y a 10 ans 10 mois par Cricridamour.

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il y a 10 ans 10 mois #105251 par stam
Votre perception de la CàP comme sport + traumatisant que le vélo, je la conçois (sollicitations excentriques & C°), mais il faut la nuancer un peu sur le côté articulaire. Une articulation c'est comme un muscle, ça se prépare ; sauf qu'il ne faut pas 3 semaines, il faut 3 mois. Je l'écris tout en étant le premier à me flinguer régulièrement les tendons, mais c'est par manque de préparation adéquate, et ça, je ne l'ai compris que récemment. D'autant que les tendons sont en lien avec la musculature, et qu'un déséquilibre "muet" sur la musculature va avoir des répercussions sur les articulations.
Mes plus grosses souffrances en sport, c'est sur le vélo, et c'est toujours lié à l'épuisement des réserves. Il n'y a rien de pire que de se retrouver à sec à 25 ou 30km du but, quand chaque coup de pédale devient un calvaire, et qu'il reste à franchir un col, 10 bosses, ou une campagne givrée.

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il y a 10 ans 10 mois - il y a 10 ans 10 mois #105264 par Cricridamour

Le côté destructeur de la CAP c'est ce qui m'a fait arrêter alors que j'adorais et que j'étais en train de me tourner vers une pratique montagne.


Je prends un peu le même chemin là. Dès que je cours sur bitume je morfle des chevilles. Là je boite depuis 8 jours des suites de ma dernière sortie CàP sur bitume avec quelques descentes. Bon OK avec des chaussures assez pourries que je viens de changer mais quand-même je me pose des questions si je vais continuer ou non. Je me dis que tout ça va se renforcer au fil des entrainements mais je me trompe peut-être...

En tout cas sur gazon moins de 25' ça passe bien sans aucune séquelle donc je vais m'y remettre d'ici une semaine.


Il faut quand même nuancer.

En course à pied, il y a les courses sur bitume à plat (par ex marathon, semi), les courses vallonnées sur bitume (Morat-Fribourg), les courses de montagne (Sierre-Zinal, Neirivue-Moléson). Et ensuite il y a les trails jusqu’à 70-80 km, puis enfin les ultras.

Pour avoir essayé toutes ces catégories, sauf les ultras, je pense que les plus « nocives » sont les premières citées, et les ultras, justement.

Alors autant je me suis senti cassé après un marathon ou même un semi, autant je me suis senti "en bonne santé" après Sierre-Zinal ou Morat-Fribourg, et sans courbatures. et ceci pour des durées et intensité de mon effort respectivement comparables.
Car sur ce type de courses, la foulée s’adapte au terrain et change tout le temps, ce qui n’est pas le cas sur un marathon, 42 km toujours avec le même mouvement. :(
Et encore, il faut rajouter ces 42 km de la course proprement dite tous les km des entrainements en amont qui vont avec. :( :(

Et sur un trail comme celui décrit en tête de ce sujet, il y a quand même beaucoup de temps passé dans les montées, très peu traumatisantes, et je ne puise pas assez longtemps dans mes réserves pour installer une fatigue profonde. Ceci à mon petit niveau, bien sûr, hein !!! :P ;-)

Pour moi qui viens du vélo, j'ai mis un bon moment pour avoir de bonnes sensations en CAP, plus d'un an en pratiquant régulièrement, et en alternance avec le vélo. Le danger étant aussi de se blesser, car grâce à notre fond de vélo, on a le souffle, mais pas les jambes qui vont avec (articulations, muscles, etc...) Donc, il a fallu que j'y aille progressivement et régulièrement. Et même maintenant, si je ne vais pas courir une fois par semaine, j'ai mal aux jambes la fois suivante :angry: .
Dernière édition: il y a 10 ans 10 mois par Cricridamour.

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il y a 10 ans 10 mois - il y a 10 ans 10 mois #105265 par Cricridamour

Mes plus grosses souffrances en sport, c'est sur le vélo, et c'est toujours lié à l'épuisement des réserves.


Comment faites-vous pour supporter la douleur ?

J’ai lu quelque part un article sur un ultra-trailer américain fameux, Scott Jurek, qui a écrit (citation de mémoire) : La souffrance, ce n’est rien, ça fait seulement mal !

Comme lui, je considère que la douleur dans le sport n’est pas vraiment de la souffrance.
C’est quoi, en fait, la vraie souffrance ? C’est celle qu’on trouve dans la vraie vie, celle qui liée à un accident, à une maladie, à la perte d’un proche, etc., bref, celle où tu ne peux rien y changer, à part l’accepter.

Dans le sport, c’est à mon avis très différent. Je ne parle pas ici de la douleur liée à une chute et une blessure, mais bien de celle liée à l’effort lui-même. Effort court très intensif, ou au contraire effort de longue haleine.
1 : Tout d’abord, la douleur dans le sport est volontaire.
2 : De plus, la douleur s’arrête en principe après l’arrivée, ou du moins est nettement diminuée.
3 : Et si vraiment pendant l’effort, la souffrance devient insupportable, il y a toujours la possibilité d’abandonner. Dans un coin de la tête, il donc existe ce gros bouton rouge « d’arrêt d’urgence ». Et le fait d’être conscient de cette possibilité, de l’existence de ce bouton rouge, d’avoir à tout moment toujours le libre choix de dire STOP ou de continuer, et bien tout cela aide à supporter beaucoup.
La souffrance dans le sport est positive, car infligée par soi-même, et la souffrance dans la vie de tous les jours est négative, car subie
Je fonctionne assez comme ça.

Et souvent aussi je me dis que quoiqu’il arrive, dans X temps, je serais sous la douche, alors faut juste serrer les dents un moment.

Quelqu’un a-t-il une autre recette ?

J’ai une préférence pour les courses longues, celles où le mental prend une grande importance, celles où juste le fait de terminer représente déjà un défi en soi. Mais pour que ce soit un défi, il faut évidemment que ce soit difficile. C’est surmonter la difficulté qui fait à mon avis la beauté du sport. Et qui enrichit celui qui le pratique.

Vouloir arriver au bout, malgré la difficulté ou la souffrance, coute que coûte (mais ça s’écrit avec un accent ou pas ? :wonder: ), à mon sens ce n’est pas une fierté mal placée. ( @kikinou ;-) ;-) )

Pour ma part, je souffre, à des degrés divers, sur quasi toutes les courses auxquelles je participe, indépendamment de leur durée, et je souffre aussi à l’entrainement quand je fais des fractionnés courts.

Mais je n’oublie jamais, ou presque :P ;-) , que la douleur est un signal d’alarme de l’organisme.

Par conséquent, peut-on en déduire que le sport de compétition n’est pas bon pour la santé ????

C’était la minute philosophique de tonton Cricri. :yaisse: :lunettes:

Fait beau, mais froid, je vais courir....
Dernière édition: il y a 10 ans 10 mois par Cricridamour.

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il y a 10 ans 10 mois - il y a 10 ans 10 mois #105266 par teamdindon

La douleur n'est qu'une simple information.


Pièces jointes :
Dernière édition: il y a 10 ans 10 mois par teamdindon.

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il y a 10 ans 9 mois #105405 par Cricridamour
Pour ceux que ça intéresse, le récit complet est ici:

www.kikourou.net/recits/recit-15537-trail_verbie...cricridamour195.html

C'est assez long.... :whistle:

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