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CR Liège Bastogne Liège Challenge
- pasqup01
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il y a 5 ans 6 mois #155327
par pasqup01
"poi Dio creò la bicicletta perché l'uomo ne facesse strumento di fatica e di esaltazione nell'arduo itinerario della vita", Madonna Del Ghisallo
CR Liège Bastogne Liège Challenge a été créé par pasqup01
Biiiip… biiip…. biiip….
La montre du Beau-frère sonne. Il est 5 heures. Il a du mal à se lever. Ma sœur, elle, a déjà bondi du lit et enchaîne. J’ai peu dormi. Deux nuits d’ailleurs que je dors peu. D’abord faut dire que je suis compliqué niveau literie, ensuite j’ai consulté en moyenne 250 fois par 1/2 journée et depuis une semaine les 10 sites météo possibles et aucun, j’ai bien dit aucun, n’a promis le soleil. Au contraire, un vrai temps de toussaint est annoncé pour ce 27 avril…
Et oh ! Ils ne le savent pas que je suis « l’italien du mois de juin » ? (C’est même Stam et le club qui le disent). Et ce 26°C, ici, il y a une semaine !
Au fait, pourquoi j’ai accepté de faire ce truc ?
Les seules images qui viennent sont celles d’Hinault dans la neige et ses engelures…
Bon ok, ces derniers temps, les méandres de la vie m’avaient un peu éloigné du vélo. Rien de sérieux, mais juste assez pour, par exemple, continuer à vous lire (avec plaisir) mais ne plus poster, ou encore avoir fait une pause dans la participation à des épreuves.
Et puis, il y a quelques mois, ma sœur me dit « vient avec nous faire Liège Bastogne Liège ! ». Pour qui la connait, cela n’est pas surprenant. A son compteur, je ne sais plus combien de marathon, de trails… Allez, pour l’exemple et pour ces dernières années : Saintélyon, Ecotrail Paris, Templiers, plusieurs Iron(Wo)man dont Embrun bien sûr, UTMB et diagonale des fous. Bref, tout ça pour dire que, si elle dit cela, c’est sérieux.
Au même moment, depuis plusieurs mois, je subis une escadrille d’emmerdes comme dirait J. Chirac. Elle sait donc ce qu’elle fait en me lançant cette invitation-défi. Moi, par contre, en lui répondant « pourquoi pas… », je ne sais pas.
Avec le peu de lucidité qui restait, j’avais pris deux décisions salvatrices : (1) rester sur le 147 Km qui compte presque toutes les montées finales, le 266 ne sera pas à ma portée physiquement ; (2) ne pas ébruiter cette participation, s’il faut jeter l’éponge ce sera plus simple à vivre, car clamer partout ce défi à venir et devoir annoncer que pschitttt... non merci.
Biiiip… biiip…. biiip….
La montre re-sonne. Avec le beau-frère on est encore dans le lit. Faut vraiment y aller là…
Premier geste, c’est peu étonnant, regarder dehors. Il ne pleut pas encore. Les prévisions rejoignent la réalité : un temps de flahute en approche pour les frères Wallons, pas de jalousie au Royaume. Moins de 10°C, averses, vent en rafale et possibilité de grêle.
Je m’habille, c’est machinal. Si l’on ne peut changer les éléments, au moins peut-on s’en préserver un peu. Pour moi, ce sera cuissard assos (confort pour la longueur) et la panoplie Castelli avec l’incontournable gabba, les jambières et manchettes nanoflex, les couvre-chaussures et gants néoprènes (pas hyper chauds mais adaptés à la grosse humidité), enfin une veste gore-tex qui est suffisamment fine pour que s’il pleut moins, fantasmais-je à ce moment, je la comprime pour la ranger dans le Camelbak. Je suis adepte du Camelbak qui me permet d’emporter en quantité la boisson que je souhaite et de ranger le mobile, un buff, une clef, etc. Et puis j’innove avec un couvre casque gore tex. Trouvé à vil prix sur grand-fleuve-sud-américain-sans-le-e-à-la-fin.com, je valide son usage. La tête respire sous le casque quand l’eau ruisselle dessus. Seul inconvénient : attendez-vous à ressembler à Captain Toad. N’ayant pas le minois de G. Clooney, bien au contraire, je n’ai pas grand-chose à perdre sur ce point.
Vous aurez compris que je suis une petite chose fragile qui supporte mal les aléas de la vie...
Biiiip… biiip…. biiip….
Encore la montre ? Non, le café. J’ai du mal à avaler quelque chose. Dire qu’était prévu un gâteau sport. De toute façon je l’avais laissé avant de partir pour la Belgique. Mouais… est avalé par défaut un bout de cake avec le café. C’est la tête qui le commande car le ventre a du mal depuis deux jours. Entre le stress et le régime local, « boulet » + frites + gaufre + binouze + café liégeois, ça ne passe plus.
Biiiip… biiip…. biiip….
Alors cette fois, le café ou encore la montre ? Ni l’un ni l’autre, c’est la sonnerie de la porte. Un copain du club de la sister nous rejoint. Lui aussi a un palmarès d’ultra-truc impressionnant. Cette année, il prépare entre autres l’UTMB et le tour du mont blanc cyclo solo. Pfff, des machines… Ils me fatiguent avant même de partir… Je fais finir par me sentir tout petit avec le 147 Km. De quoi je vais avoir l’air ce soir ? Moi, ruiné sur cette distance (si j’y arrive, snif !) et eux, frais comme des gardons avec le 266.
Tout cela est très rassurant et je me dis que j’ai vraiment bien fait de venir… Le cyclisme est vraiment un sport d’humilité.
Pas de biiip… pas de biiip…. Pas de biiip….
Mais pourquoi ce satané compteur a-t-il choisi aujourd’hui pour ne pas se synchroniser avec le mobile ? Si je choppe le saligaud et sa poupée vaudou qui a manifestement décidé de me pourrir la vie, il va prendre cher…
Ouf, un truc positif. Au moment d’enjamber le vélo dans les rues de Liège, il ne pleut pas (un instant…). Il fait à peine jour (5h45). J’ai évidemment oublié mon éclairage. Notre leader en cuissard court (sic !) arbore un Cervelo S5 à disque en Sram eTap et roues carbones ENVE. Jaloux ?… J’ai surtout conscience que mon mâture destrier italien, tout comme si j’avais pris un vélib, ne sera pas le facteur limitant de la journée vu mon niveau de M… Reste que ce bolide canadien profilé va conférer à son cavalier environ 50% de rigidité en plus, un confort accru de 30%, l’aérodynamisme d’une F1 et 200% de rendement supplémentaire. Marginal gains ou unfair advantage ? Un rapide et honnête calcul (hum, hum) fait donc comprendre que, malgré une longueur moindre, mon effort sera dix fois supérieur (au moins) …
Non et non ! j’ai déjà dit que je n’étais pas de mauvaise foi. Quand même, admettez que c’est un avantage significatif, il ne plante pas dans les bosses ! Si si, c’est sûr, je l’ai lu sur un encart en papier glacé dans la presse spécialisée, mais aussi et surtout dans un commentaire posté sur Biclou102.
On suit le balisage vers la ligne. Il faut tourner les jambes pour les chauffer un peu. Il est presque 6h. Liège s’éveille.
Rapidement, classiquement, il suffit de suivre les cohortes de cyclistes pour rejoindre l’arche de départ. A 500m de cette dernière, on voit les premiers fauves qui sont lâchés. Peu importe, il n’y a pas de chrono, c’est un départ libre : entre 6 et 7h pour le 266, entre 6 et 8h pour le 147. J’ai choisi de partir tôt avec les fous du 266. Et… c’est parti !
Le début est commun et j’ai donc dans l’idée que je resterai avec ma sœur jusqu’à la bifurcation des parcours. Pour mettre un peu de piquant dans cette banalité, une erreur de parcours pimente la sortie de Liège. Imbécilité grégaire du cyclo moyen en peloton qui suit le premier du groupe dans ses errements ou nouvelle aiguille plantée rageusement dans la poupée vaudou à mon effigie ? Je ne sais pas mais nous voilà hors parcours dans une montée sévère revêtue de mauvais pavés. On m’aurait donc menti ? C’est Roubaix ? non, trop pendu…
Ce chemin se rétrécit, se détériore, et les premières crevaisons succèdent aux patinages. A partir de cet instant, considérant la dégradation météo à venir, j’implorerais régulièrement le ciel de m’épargner cette mésaventure. Je crois même percer de l’arrière. Mais c’est juste dans la tête. On bascule pour faire une sorte de demi-tour qui va nous ramener sur le droit chemin.
C’est bien parti. A peine lancés, on vient de faire 5 rudes kilomètres de plus que prévu. A ce rythme, je songe basculer sur le 77 Km…
Tiens d’ailleurs, j’y repense : et si c’était moi le chat noir du club ? Je serais le prochain avatar de Stam sur VO2 ? En tout cas ça expliquerait les pots de chambres (dixit jfd_ à notre passage sur ses terres) pyrénéens pris dans la montée de Superbagnères il y a quelques années…
Ma sœur, c’est un train de marchandise. Évidemment, pas physiquement… siouplé, soyons correct !... sur VO2 le débat est relevé, c’est donc au sens figuré : vitesse de croisière sénatoriale mais innarrêtable une fois lancée. Nous effectuons ainsi les deux premières heures. La moyenne est donc modeste à ce moment. Pas de regret : aucune ambition sportive de performance et, primordial, l’assurance d’un souvenir familial fort. Et puis, d’une part il faut donc que le train fraternel se lance, d’autre part la pluie s’intensifie, enfin il est très délicat de rouler en peloton. Pas vraiment de pelotons d’ailleurs. Plutôt un départ en chapelets liés à la formule. Les descentes détrempées n’aident pas non plus. Entre les jeunes fous qui descendent à bloc en comptant sur leurs disques et gommes de 28mm, les vieux apeurés en permanence sur les freins qui occupent le milieu de la route pour mieux la balayer, et les vintages senior en vitesse au cadre, boyau de 19mm et costume d’époque... Comme dit Brassens, l’âge ne fait rien à l’affaire… Participant à ce manège qui me vaut quelques frayeurs (j’y laisserai mes 4 swisstop), je décide de prendre mes distances et, naturellement, après la bifurcation (vers le 40ième Km), je roulerais désormais seul ou faiblement accompagné. Le chrono en pâtira, la sécurité y gagnera.
Le premier ravito se présente. C’est la pause pipi. Il y a plein d’urinoirs à disposition. Un largage dans la nature vaut disqualification et des mésaventures m’ont été contées. Je respecte donc la règle.
Ce ravito, comme les autres, se situe sur un sol caillouteux où je n’ai pas envie de mettre mes roues. Je n’ai cessé de croiser des gars réparant une crevaison sous la pluie battante. Le camelbak et les barres (un bon point pour l’authentic bar Choco-cacahuètes au goût sucré salé) dans les poches donnant en principe l’autonomie, je ferai l’impasse sur ces points d’étapes.
Allez, on repart, il commence à faire froid, la température chute avec le vent qui se lève (rafales prévues jusqu’à 80km/h) sur nos corps trempés et il serait de plus en plus difficile de repartir.
C’est un passage dur, je suis un con-gélé. Il grêle maintenant. Le vent me fouette comme un galérien.
C’est le moment que je choisi pour repenser à Madame et aux enfants pour me redonner des forces morales. Dans la foulée, je me dis que certains endurent au même moment de véritables emmerdes (maladie, perte d’un proche…). Eux pensent alors aussi à leur famille pour relever la tête. Comparativement, je suis donc une chiffe molle qui s’est foutue dans la merde au nom du loisir et qui s’écroule psychologiquement à la première difficulté. Difficulté qui plus est relative puisque je suis juste mouillé, refroidi, et que je peux faire cesser cela rapidement en me réfugiant dans un prochain troquet. Je suis cyclo sous la pluie en Belgique, pas réfugié sous les bombes en Syrie.
Toutes ces pensées "constructives" ( ) qui renforcent mon estime de moi ( ) m’aident à avancer et je vois les kilomètres défiler lentement à ce moment.
J’attends surtout les côtes. D’abord, j’espère m’y réchauffer. Ensuite, les montées ont toujours été mon truc. Ce n’est pas que j’y suis bon mais c’est l’essence de ma pratique. Je suis venu pour rayer ces monuments de ma To do Cycling List.
Nous allons ainsi faire quasi-toutes les montées du final comme les grands. Je regrette juste la côte de Stockeu (stèle E. Mercx) que j’aurais faite (petit détour depuis mon parcours) en cas de météo favorable. Inutile de préciser qu’en l’espèce je n’ai même pas vu le croisement circonstancié.
Arrive donc enfin la première difficulté.
Au Km 49, Côte de l’Ancienne Barrière : 4,8 Km ; 4,7%
Assez bucolique, arboré, ce qui protège un peu, sans passage trop raide, elle me rappelle beaucoup mon plateau de Millevaches. Petite originalité, elle n’est pas empruntée par le 266 que nous allons reprendre à la suite.
S’en suit une portion « malplate » comme on dit chez moi. Autrement dit, pas un mètre de plat sans que les montées méritent d’être citées. Bien casse-patte. Cela ne me dérange pas, bien au contraire. Cela aide à faire passer le temps et c’est mon quotidien à domicile. Ces repères me rassurent un peu. Au contraire des doigts qui s'ankylosent. Si le reste du corps a bien vécu le temps (je ne regrette aucune des couches), les mains s’engourdissent. Alors, tel un Fourcade avant un dernier tir debout à Khanty-Mansiysk, je fais quelques moulinets avec mes bras. Cela ne me vaudra hélas ni sa VO2 ni sa classe, mais au moins me redonnera un peu de sensation aux extrémités. Je répéterai plusieurs fois l’opération durant le parcours restant.
Le souci, c’est les très nombreuses petites descentes. Souvent pentues et sinueuses, elles invitent à bouffer du patin. Phénomène renforcé par la présence des voitures et autres participants.
Ah, enfin, on arrive à proximité du circuit de SPA Francorchamps. Je sais que c’est à partir d’ici que les difficultés vont s’enchaîner quasiment jusqu’à la ligne. Je compte bien, dans ces raidillons, rougir comme l’eau !
Je suis venu pour cela et je retrouve de la tête et des jambes.
Au Km 68, Haute levée : 3,6 Km ; 5,6%
Au Km 75, Francorchamps : 4,5 Km ; 4%
Au Km 80, Col du Rosier : 5,6 Km ; 5,5%
Au Km 95, Col du Maquisard : 3 Km ; 5,1%
Le jeu est évidemment que ces pourcentages moyens cachent des ruptures de pente parfois terribles !
Je commence à prendre du plaisir ! Un gros plaisir !
Et puis, et puis : tadam !
Au Km 107, Côte de la Redoute : 1,7 Km ; 9,5%
Le mythe en théorie, une belle saloperie en pratique… ce qui n’est pas antonomique, bien au contraire. Un pied à l’équerre, donc sans élan, où je croise un participant qui redescend avec le dérailleur à l’envers. Gloups… Je prends donc le temps de mettre en souplesse le petit plateau et monte les pignons en en gardant un de réserve… Imprudent, j’ai conservé la 12-25, j’attaque donc sur le 36-23. Je me doute que ce sera fort court. En effet… Comme à la TV, la route est jonchée de « Phil » et je cherche la grande tente blanche du fan club dans un virage. Sauf qu’à partir de ce moment un mur s’offre à moi (le compteur ne descend plus sous les 17%) et le cyclisme devient un sport de piéton : soit par la vitesse atteinte comparable à la marche, soit par le slalom à effectuer entre ceux qui ont mis pied à terre. Pignons à gauche toute ! Je m’arrache pour avancer au rythme d’un gastéropode.
Note 1 : (pour une autre fois) 36x25 est beaucoup trop gros pour du 20%... passer la moitié de la côte en force en danseuse est une mauvaise idée.
Note 2 : ne pas regarder les pros lors de leur passage à cet endroit sous peine de jeter le vélo et/ou d’être mauvaise langue.
Ça continue !
Au Km 113, Côte des Forges : 1,3 Km, 6,9%
Tu en veux encore ? En voilà !
Au Km 113, Côte de la Roche-aux-Faucons : 1,3 Km, 10,9 %
Une montée en deux temps. Un premier pénible. Un second exténuant.
Note 3 : (pour une autre fois aussi) 36x25 est beaucoup beaucoup beaucoup trop gros et fait passer la deuxième moitié de la côte en force en danseuse...
Allez, c’est bon. N’en jetez plus. (ils seraient capables de m’en trouver d’autres)
La fin est un peu moins fun. Une longue procession vers Liège à travers des paysages pour bonne partie urbains. Une voiture pressée de sortir que j’évite de peu avec mes freins à l’agonie. Un participant italien insulte (je suppose vu le ton) le chauffeur et fait des grands gestes : normal. Cet arbre ne doit toutefois pas cacher la forêt des conducteurs respectueux, d’une manière générale bien plus attentifs aux cyclistes que ce j’ai l’habitude de connaître en mon pays.
Des stops fréquents, des feux de circulation qui se succèdent. Des relances, des relances et à nouveau des relances.
Encore un gars en train de réparer une crevaison sur le bord de la chaussée.
On entre dans Liège. Au milieu du trafic, des bouts de rues pavés, des ronds-points pavés, la prudence est de mise. Cela paraît bien long. Je reconnais au loin le hall des foires. C’est bon ! Je commence à profiter du fameux sentiment du devoir accompli.
Je passe l’arche d’arrivée. Ouf. La médaille est autour du cou. Elle ira dans le placard vélo. Je veux plutôt garder ces images, ces émotions que personne ne pourra jamais me prendre.
Une fois de plus, face aux conditions dantesques, ma force morale indéfectible a fait le job. Le vélo est une parabole de la vie et j’affronte les murs sans jamais faiblir. Tel le roseau je plie mais ne rompt pas. Etc. etc.
En tout cas c’est comme cela que je le raconterais à mes petits-enfants.
Retour au Airbnb. Une douche. Un thé chaud. Le derrière des genoux me fait bien mal. Quand on prend un braquet inadapté pour faire une ardennaise, qui plus est un monument, faut assumer…
Après synchro, je regarde l’appli sur mon téléphone. Elle m’annonce que j’ai gagné de peu le badge des 100 miles accomplis. La montée pavée non prévue n’aura pas été totalement inutile !
Je pars marcher dans Liège. Il faut également déplacer le fourgon qui est garé sur l’emplacement même de la ligne d’arrivée du lendemain. Je rentre pour attendre le retour des guerriers du 266. Les traits sont souvent tirés. Le beau-frère me lance un « si j’avais su… j’taurais suivi sur le 147 » et me raconte le déluge à Bastogne et quelques rayons de soleil en début d’après-midi. Demain, les pros auront le même temps et il sera trop content d’avoir fait le grand tour.
Il est 20h30, le téléphone sonne. Ma sœur vient d’arriver. Je ne me suis d’ailleurs jamais posé la question de savoir si elle finirait. Simplement sera-t-elle dans les délais ? Un peu de chance, bien méritée vu l’effort dans ces conditions, a fait retarder la deadline à l’organisateur. Elle a donc sa médaille et son titre de finisher du 266 Km. Environ 14h de vélo. Respect une nouvelle fois.
Enfin, apothéose traditionnelle cycliste, placée dans une perspective gauloise d’irréductibles, tout se termine autour d’un repas où chacun refait la course et ses misères. Dans un moment de relâchement je me permets une folie : ce ne sera pas un mais deux boulets qui accompagneront mes frites et ma binouze en cette dernière soirée.
Tiens, cette fois-là, je n’ai pas eu de mal au ventre…
Bah, finalement, c’est sympa les histoires belges. Non ?
N.B.1 Une immense reconnaissance aux organisateurs et surtout aux bénévoles qui sont restés piqués aux croisements, toute la journée par ce temps pourri, pour notre sécurité. Mesdames, messieurs, merci.
N.B.2 Merci ma grande sœur pour ce joli moment
(Enfin, sans rancune quoi )
Voili voilou, c’était mon CR de psychothérapie de groupe… euh, je voulais dire de LBL Challenge 2019
Pour illustrer, votre serviteur en mode ardennais :
La montre du Beau-frère sonne. Il est 5 heures. Il a du mal à se lever. Ma sœur, elle, a déjà bondi du lit et enchaîne. J’ai peu dormi. Deux nuits d’ailleurs que je dors peu. D’abord faut dire que je suis compliqué niveau literie, ensuite j’ai consulté en moyenne 250 fois par 1/2 journée et depuis une semaine les 10 sites météo possibles et aucun, j’ai bien dit aucun, n’a promis le soleil. Au contraire, un vrai temps de toussaint est annoncé pour ce 27 avril…
Et oh ! Ils ne le savent pas que je suis « l’italien du mois de juin » ? (C’est même Stam et le club qui le disent). Et ce 26°C, ici, il y a une semaine !
Au fait, pourquoi j’ai accepté de faire ce truc ?
Les seules images qui viennent sont celles d’Hinault dans la neige et ses engelures…
Bon ok, ces derniers temps, les méandres de la vie m’avaient un peu éloigné du vélo. Rien de sérieux, mais juste assez pour, par exemple, continuer à vous lire (avec plaisir) mais ne plus poster, ou encore avoir fait une pause dans la participation à des épreuves.
Et puis, il y a quelques mois, ma sœur me dit « vient avec nous faire Liège Bastogne Liège ! ». Pour qui la connait, cela n’est pas surprenant. A son compteur, je ne sais plus combien de marathon, de trails… Allez, pour l’exemple et pour ces dernières années : Saintélyon, Ecotrail Paris, Templiers, plusieurs Iron(Wo)man dont Embrun bien sûr, UTMB et diagonale des fous. Bref, tout ça pour dire que, si elle dit cela, c’est sérieux.
Au même moment, depuis plusieurs mois, je subis une escadrille d’emmerdes comme dirait J. Chirac. Elle sait donc ce qu’elle fait en me lançant cette invitation-défi. Moi, par contre, en lui répondant « pourquoi pas… », je ne sais pas.
Avec le peu de lucidité qui restait, j’avais pris deux décisions salvatrices : (1) rester sur le 147 Km qui compte presque toutes les montées finales, le 266 ne sera pas à ma portée physiquement ; (2) ne pas ébruiter cette participation, s’il faut jeter l’éponge ce sera plus simple à vivre, car clamer partout ce défi à venir et devoir annoncer que pschitttt... non merci.
Biiiip… biiip…. biiip….
La montre re-sonne. Avec le beau-frère on est encore dans le lit. Faut vraiment y aller là…
Premier geste, c’est peu étonnant, regarder dehors. Il ne pleut pas encore. Les prévisions rejoignent la réalité : un temps de flahute en approche pour les frères Wallons, pas de jalousie au Royaume. Moins de 10°C, averses, vent en rafale et possibilité de grêle.
Je m’habille, c’est machinal. Si l’on ne peut changer les éléments, au moins peut-on s’en préserver un peu. Pour moi, ce sera cuissard assos (confort pour la longueur) et la panoplie Castelli avec l’incontournable gabba, les jambières et manchettes nanoflex, les couvre-chaussures et gants néoprènes (pas hyper chauds mais adaptés à la grosse humidité), enfin une veste gore-tex qui est suffisamment fine pour que s’il pleut moins, fantasmais-je à ce moment, je la comprime pour la ranger dans le Camelbak. Je suis adepte du Camelbak qui me permet d’emporter en quantité la boisson que je souhaite et de ranger le mobile, un buff, une clef, etc. Et puis j’innove avec un couvre casque gore tex. Trouvé à vil prix sur grand-fleuve-sud-américain-sans-le-e-à-la-fin.com, je valide son usage. La tête respire sous le casque quand l’eau ruisselle dessus. Seul inconvénient : attendez-vous à ressembler à Captain Toad. N’ayant pas le minois de G. Clooney, bien au contraire, je n’ai pas grand-chose à perdre sur ce point.
Vous aurez compris que je suis une petite chose fragile qui supporte mal les aléas de la vie...
Biiiip… biiip…. biiip….
Encore la montre ? Non, le café. J’ai du mal à avaler quelque chose. Dire qu’était prévu un gâteau sport. De toute façon je l’avais laissé avant de partir pour la Belgique. Mouais… est avalé par défaut un bout de cake avec le café. C’est la tête qui le commande car le ventre a du mal depuis deux jours. Entre le stress et le régime local, « boulet » + frites + gaufre + binouze + café liégeois, ça ne passe plus.
Biiiip… biiip…. biiip….
Alors cette fois, le café ou encore la montre ? Ni l’un ni l’autre, c’est la sonnerie de la porte. Un copain du club de la sister nous rejoint. Lui aussi a un palmarès d’ultra-truc impressionnant. Cette année, il prépare entre autres l’UTMB et le tour du mont blanc cyclo solo. Pfff, des machines… Ils me fatiguent avant même de partir… Je fais finir par me sentir tout petit avec le 147 Km. De quoi je vais avoir l’air ce soir ? Moi, ruiné sur cette distance (si j’y arrive, snif !) et eux, frais comme des gardons avec le 266.
Tout cela est très rassurant et je me dis que j’ai vraiment bien fait de venir… Le cyclisme est vraiment un sport d’humilité.
Pas de biiip… pas de biiip…. Pas de biiip….
Mais pourquoi ce satané compteur a-t-il choisi aujourd’hui pour ne pas se synchroniser avec le mobile ? Si je choppe le saligaud et sa poupée vaudou qui a manifestement décidé de me pourrir la vie, il va prendre cher…
Ouf, un truc positif. Au moment d’enjamber le vélo dans les rues de Liège, il ne pleut pas (un instant…). Il fait à peine jour (5h45). J’ai évidemment oublié mon éclairage. Notre leader en cuissard court (sic !) arbore un Cervelo S5 à disque en Sram eTap et roues carbones ENVE. Jaloux ?… J’ai surtout conscience que mon mâture destrier italien, tout comme si j’avais pris un vélib, ne sera pas le facteur limitant de la journée vu mon niveau de M… Reste que ce bolide canadien profilé va conférer à son cavalier environ 50% de rigidité en plus, un confort accru de 30%, l’aérodynamisme d’une F1 et 200% de rendement supplémentaire. Marginal gains ou unfair advantage ? Un rapide et honnête calcul (hum, hum) fait donc comprendre que, malgré une longueur moindre, mon effort sera dix fois supérieur (au moins) …
Non et non ! j’ai déjà dit que je n’étais pas de mauvaise foi. Quand même, admettez que c’est un avantage significatif, il ne plante pas dans les bosses ! Si si, c’est sûr, je l’ai lu sur un encart en papier glacé dans la presse spécialisée, mais aussi et surtout dans un commentaire posté sur Biclou102.
On suit le balisage vers la ligne. Il faut tourner les jambes pour les chauffer un peu. Il est presque 6h. Liège s’éveille.
Rapidement, classiquement, il suffit de suivre les cohortes de cyclistes pour rejoindre l’arche de départ. A 500m de cette dernière, on voit les premiers fauves qui sont lâchés. Peu importe, il n’y a pas de chrono, c’est un départ libre : entre 6 et 7h pour le 266, entre 6 et 8h pour le 147. J’ai choisi de partir tôt avec les fous du 266. Et… c’est parti !
Le début est commun et j’ai donc dans l’idée que je resterai avec ma sœur jusqu’à la bifurcation des parcours. Pour mettre un peu de piquant dans cette banalité, une erreur de parcours pimente la sortie de Liège. Imbécilité grégaire du cyclo moyen en peloton qui suit le premier du groupe dans ses errements ou nouvelle aiguille plantée rageusement dans la poupée vaudou à mon effigie ? Je ne sais pas mais nous voilà hors parcours dans une montée sévère revêtue de mauvais pavés. On m’aurait donc menti ? C’est Roubaix ? non, trop pendu…
Ce chemin se rétrécit, se détériore, et les premières crevaisons succèdent aux patinages. A partir de cet instant, considérant la dégradation météo à venir, j’implorerais régulièrement le ciel de m’épargner cette mésaventure. Je crois même percer de l’arrière. Mais c’est juste dans la tête. On bascule pour faire une sorte de demi-tour qui va nous ramener sur le droit chemin.
C’est bien parti. A peine lancés, on vient de faire 5 rudes kilomètres de plus que prévu. A ce rythme, je songe basculer sur le 77 Km…
Tiens d’ailleurs, j’y repense : et si c’était moi le chat noir du club ? Je serais le prochain avatar de Stam sur VO2 ? En tout cas ça expliquerait les pots de chambres (dixit jfd_ à notre passage sur ses terres) pyrénéens pris dans la montée de Superbagnères il y a quelques années…
Ma sœur, c’est un train de marchandise. Évidemment, pas physiquement… siouplé, soyons correct !... sur VO2 le débat est relevé, c’est donc au sens figuré : vitesse de croisière sénatoriale mais innarrêtable une fois lancée. Nous effectuons ainsi les deux premières heures. La moyenne est donc modeste à ce moment. Pas de regret : aucune ambition sportive de performance et, primordial, l’assurance d’un souvenir familial fort. Et puis, d’une part il faut donc que le train fraternel se lance, d’autre part la pluie s’intensifie, enfin il est très délicat de rouler en peloton. Pas vraiment de pelotons d’ailleurs. Plutôt un départ en chapelets liés à la formule. Les descentes détrempées n’aident pas non plus. Entre les jeunes fous qui descendent à bloc en comptant sur leurs disques et gommes de 28mm, les vieux apeurés en permanence sur les freins qui occupent le milieu de la route pour mieux la balayer, et les vintages senior en vitesse au cadre, boyau de 19mm et costume d’époque... Comme dit Brassens, l’âge ne fait rien à l’affaire… Participant à ce manège qui me vaut quelques frayeurs (j’y laisserai mes 4 swisstop), je décide de prendre mes distances et, naturellement, après la bifurcation (vers le 40ième Km), je roulerais désormais seul ou faiblement accompagné. Le chrono en pâtira, la sécurité y gagnera.
Le premier ravito se présente. C’est la pause pipi. Il y a plein d’urinoirs à disposition. Un largage dans la nature vaut disqualification et des mésaventures m’ont été contées. Je respecte donc la règle.
Ce ravito, comme les autres, se situe sur un sol caillouteux où je n’ai pas envie de mettre mes roues. Je n’ai cessé de croiser des gars réparant une crevaison sous la pluie battante. Le camelbak et les barres (un bon point pour l’authentic bar Choco-cacahuètes au goût sucré salé) dans les poches donnant en principe l’autonomie, je ferai l’impasse sur ces points d’étapes.
Allez, on repart, il commence à faire froid, la température chute avec le vent qui se lève (rafales prévues jusqu’à 80km/h) sur nos corps trempés et il serait de plus en plus difficile de repartir.
C’est un passage dur, je suis un con-gélé. Il grêle maintenant. Le vent me fouette comme un galérien.
C’est le moment que je choisi pour repenser à Madame et aux enfants pour me redonner des forces morales. Dans la foulée, je me dis que certains endurent au même moment de véritables emmerdes (maladie, perte d’un proche…). Eux pensent alors aussi à leur famille pour relever la tête. Comparativement, je suis donc une chiffe molle qui s’est foutue dans la merde au nom du loisir et qui s’écroule psychologiquement à la première difficulté. Difficulté qui plus est relative puisque je suis juste mouillé, refroidi, et que je peux faire cesser cela rapidement en me réfugiant dans un prochain troquet. Je suis cyclo sous la pluie en Belgique, pas réfugié sous les bombes en Syrie.
Toutes ces pensées "constructives" ( ) qui renforcent mon estime de moi ( ) m’aident à avancer et je vois les kilomètres défiler lentement à ce moment.
J’attends surtout les côtes. D’abord, j’espère m’y réchauffer. Ensuite, les montées ont toujours été mon truc. Ce n’est pas que j’y suis bon mais c’est l’essence de ma pratique. Je suis venu pour rayer ces monuments de ma To do Cycling List.
Nous allons ainsi faire quasi-toutes les montées du final comme les grands. Je regrette juste la côte de Stockeu (stèle E. Mercx) que j’aurais faite (petit détour depuis mon parcours) en cas de météo favorable. Inutile de préciser qu’en l’espèce je n’ai même pas vu le croisement circonstancié.
Arrive donc enfin la première difficulté.
Au Km 49, Côte de l’Ancienne Barrière : 4,8 Km ; 4,7%
Assez bucolique, arboré, ce qui protège un peu, sans passage trop raide, elle me rappelle beaucoup mon plateau de Millevaches. Petite originalité, elle n’est pas empruntée par le 266 que nous allons reprendre à la suite.
S’en suit une portion « malplate » comme on dit chez moi. Autrement dit, pas un mètre de plat sans que les montées méritent d’être citées. Bien casse-patte. Cela ne me dérange pas, bien au contraire. Cela aide à faire passer le temps et c’est mon quotidien à domicile. Ces repères me rassurent un peu. Au contraire des doigts qui s'ankylosent. Si le reste du corps a bien vécu le temps (je ne regrette aucune des couches), les mains s’engourdissent. Alors, tel un Fourcade avant un dernier tir debout à Khanty-Mansiysk, je fais quelques moulinets avec mes bras. Cela ne me vaudra hélas ni sa VO2 ni sa classe, mais au moins me redonnera un peu de sensation aux extrémités. Je répéterai plusieurs fois l’opération durant le parcours restant.
Le souci, c’est les très nombreuses petites descentes. Souvent pentues et sinueuses, elles invitent à bouffer du patin. Phénomène renforcé par la présence des voitures et autres participants.
Ah, enfin, on arrive à proximité du circuit de SPA Francorchamps. Je sais que c’est à partir d’ici que les difficultés vont s’enchaîner quasiment jusqu’à la ligne. Je compte bien, dans ces raidillons, rougir comme l’eau !
Je suis venu pour cela et je retrouve de la tête et des jambes.
Au Km 68, Haute levée : 3,6 Km ; 5,6%
Au Km 75, Francorchamps : 4,5 Km ; 4%
Au Km 80, Col du Rosier : 5,6 Km ; 5,5%
Au Km 95, Col du Maquisard : 3 Km ; 5,1%
Le jeu est évidemment que ces pourcentages moyens cachent des ruptures de pente parfois terribles !
Je commence à prendre du plaisir ! Un gros plaisir !
Et puis, et puis : tadam !
Au Km 107, Côte de la Redoute : 1,7 Km ; 9,5%
Le mythe en théorie, une belle saloperie en pratique… ce qui n’est pas antonomique, bien au contraire. Un pied à l’équerre, donc sans élan, où je croise un participant qui redescend avec le dérailleur à l’envers. Gloups… Je prends donc le temps de mettre en souplesse le petit plateau et monte les pignons en en gardant un de réserve… Imprudent, j’ai conservé la 12-25, j’attaque donc sur le 36-23. Je me doute que ce sera fort court. En effet… Comme à la TV, la route est jonchée de « Phil » et je cherche la grande tente blanche du fan club dans un virage. Sauf qu’à partir de ce moment un mur s’offre à moi (le compteur ne descend plus sous les 17%) et le cyclisme devient un sport de piéton : soit par la vitesse atteinte comparable à la marche, soit par le slalom à effectuer entre ceux qui ont mis pied à terre. Pignons à gauche toute ! Je m’arrache pour avancer au rythme d’un gastéropode.
Note 1 : (pour une autre fois) 36x25 est beaucoup trop gros pour du 20%... passer la moitié de la côte en force en danseuse est une mauvaise idée.
Note 2 : ne pas regarder les pros lors de leur passage à cet endroit sous peine de jeter le vélo et/ou d’être mauvaise langue.
Ça continue !
Au Km 113, Côte des Forges : 1,3 Km, 6,9%
Tu en veux encore ? En voilà !
Au Km 113, Côte de la Roche-aux-Faucons : 1,3 Km, 10,9 %
Une montée en deux temps. Un premier pénible. Un second exténuant.
Note 3 : (pour une autre fois aussi) 36x25 est beaucoup beaucoup beaucoup trop gros et fait passer la deuxième moitié de la côte en force en danseuse...
Allez, c’est bon. N’en jetez plus. (ils seraient capables de m’en trouver d’autres)
La fin est un peu moins fun. Une longue procession vers Liège à travers des paysages pour bonne partie urbains. Une voiture pressée de sortir que j’évite de peu avec mes freins à l’agonie. Un participant italien insulte (je suppose vu le ton) le chauffeur et fait des grands gestes : normal. Cet arbre ne doit toutefois pas cacher la forêt des conducteurs respectueux, d’une manière générale bien plus attentifs aux cyclistes que ce j’ai l’habitude de connaître en mon pays.
Des stops fréquents, des feux de circulation qui se succèdent. Des relances, des relances et à nouveau des relances.
Encore un gars en train de réparer une crevaison sur le bord de la chaussée.
On entre dans Liège. Au milieu du trafic, des bouts de rues pavés, des ronds-points pavés, la prudence est de mise. Cela paraît bien long. Je reconnais au loin le hall des foires. C’est bon ! Je commence à profiter du fameux sentiment du devoir accompli.
Je passe l’arche d’arrivée. Ouf. La médaille est autour du cou. Elle ira dans le placard vélo. Je veux plutôt garder ces images, ces émotions que personne ne pourra jamais me prendre.
Une fois de plus, face aux conditions dantesques, ma force morale indéfectible a fait le job. Le vélo est une parabole de la vie et j’affronte les murs sans jamais faiblir. Tel le roseau je plie mais ne rompt pas. Etc. etc.
En tout cas c’est comme cela que je le raconterais à mes petits-enfants.
Retour au Airbnb. Une douche. Un thé chaud. Le derrière des genoux me fait bien mal. Quand on prend un braquet inadapté pour faire une ardennaise, qui plus est un monument, faut assumer…
Après synchro, je regarde l’appli sur mon téléphone. Elle m’annonce que j’ai gagné de peu le badge des 100 miles accomplis. La montée pavée non prévue n’aura pas été totalement inutile !
Je pars marcher dans Liège. Il faut également déplacer le fourgon qui est garé sur l’emplacement même de la ligne d’arrivée du lendemain. Je rentre pour attendre le retour des guerriers du 266. Les traits sont souvent tirés. Le beau-frère me lance un « si j’avais su… j’taurais suivi sur le 147 » et me raconte le déluge à Bastogne et quelques rayons de soleil en début d’après-midi. Demain, les pros auront le même temps et il sera trop content d’avoir fait le grand tour.
Il est 20h30, le téléphone sonne. Ma sœur vient d’arriver. Je ne me suis d’ailleurs jamais posé la question de savoir si elle finirait. Simplement sera-t-elle dans les délais ? Un peu de chance, bien méritée vu l’effort dans ces conditions, a fait retarder la deadline à l’organisateur. Elle a donc sa médaille et son titre de finisher du 266 Km. Environ 14h de vélo. Respect une nouvelle fois.
Enfin, apothéose traditionnelle cycliste, placée dans une perspective gauloise d’irréductibles, tout se termine autour d’un repas où chacun refait la course et ses misères. Dans un moment de relâchement je me permets une folie : ce ne sera pas un mais deux boulets qui accompagneront mes frites et ma binouze en cette dernière soirée.
Tiens, cette fois-là, je n’ai pas eu de mal au ventre…
Bah, finalement, c’est sympa les histoires belges. Non ?
N.B.1 Une immense reconnaissance aux organisateurs et surtout aux bénévoles qui sont restés piqués aux croisements, toute la journée par ce temps pourri, pour notre sécurité. Mesdames, messieurs, merci.
N.B.2 Merci ma grande sœur pour ce joli moment
(Enfin, sans rancune quoi )
Voili voilou, c’était mon CR de psychothérapie de groupe… euh, je voulais dire de LBL Challenge 2019
Pour illustrer, votre serviteur en mode ardennais :
"poi Dio creò la bicicletta perché l'uomo ne facesse strumento di fatica e di esaltazione nell'arduo itinerario della vita", Madonna Del Ghisallo
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- gillesF78
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il y a 5 ans 6 mois #155328
par gillesF78
Région Grenobloise, GillesF78
Réponse de gillesF78 sur le sujet CR Liège Bastogne Liège Challenge
J'ai lu 30 lignes, et je me suis bien marré. Je garde la suite pour demain.
Bravo pour ton retour triomphal !
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Région Grenobloise, GillesF78
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il y a 5 ans 6 mois #155329
par jfd_
Réponse de jfd_ sur le sujet CR Liège Bastogne Liège Challenge
Alors au vu des interrogations qui émaillent ton texte, moi ce que j'en dis c'est que ta sportive de sœur a eu sacrément raison ta frangine de lancer ce défi. Et toi d'accepter, pour le gain sur tous les plans
Et sinon, camelback plus couvre casque étanche Gore, c'est testé et approuvé largement pour ma part
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- lulu
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il y a 5 ans 6 mois - il y a 5 ans 6 mois #155332
par lulu
Réponse de lulu sur le sujet CR Liège Bastogne Liège Challenge
franchement bravo , des gars de mon club sont revenu compètement dégouté avec cette météo qui au final t'auras bouffé l'énergie moral et physique de la longue dans de bonne condition
maintenant vraiment dommage que n'ai pas pu profité de soleil pour admiré mon jardin d'entraînement , dans ces conditions on as moins envie de levé la tête en plus des lunettes qui devienne limitante pour la vue , c'est la même chose quand je me tape 1000 klm pour descendre en France pour de la flotte maintenant je prèfère perdre mon inscription et reporté a autre chose . pour ce qui est des rapports avec ton 36/25 c'est pas possible pour moi non plus avec la fatigue dans la roche ou la redoute ou alors en début de parcours et du coup je fini sur le 36/25 sur le plat en fin de cyclo
encore bravoooo car moi ce jour la suis resté au chaud
maintenant vraiment dommage que n'ai pas pu profité de soleil pour admiré mon jardin d'entraînement , dans ces conditions on as moins envie de levé la tête en plus des lunettes qui devienne limitante pour la vue , c'est la même chose quand je me tape 1000 klm pour descendre en France pour de la flotte maintenant je prèfère perdre mon inscription et reporté a autre chose . pour ce qui est des rapports avec ton 36/25 c'est pas possible pour moi non plus avec la fatigue dans la roche ou la redoute ou alors en début de parcours et du coup je fini sur le 36/25 sur le plat en fin de cyclo
encore bravoooo car moi ce jour la suis resté au chaud
Dernière édition: il y a 5 ans 6 mois par lulu.
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- Charly42
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il y a 5 ans 6 mois #155333
par Charly42
à bloc!!!
Réponse de Charly42 sur le sujet CR Liège Bastogne Liège Challenge
wahouuu bravo!!
superbe récit... un GRAND bravo à ta soeur....
il fallait une belle motivation sous un temps pareil!
superbe récit... un GRAND bravo à ta soeur....
il fallait une belle motivation sous un temps pareil!
à bloc!!!
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- stam
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il y a 5 ans 6 mois #155335
par stam
Réponse de stam sur le sujet CR Liège Bastogne Liège Challenge
Chapeau bas !...
En y repensant, je suis sûr que tu te dis que sans la pluie et le froid, ça n'aurait pas eu la même saveur... et je ne parle pas que de ce petit goût de sang et de glace sur les lèvres !
Ta grandeur d'âme devrait m'inspirer : tu as pensé aux réfugiés syriens, quand dans Pike's Peak j'ai juste pensé à Christian dans le Ventoux ...
Du coup, faut-il vraiment faire la Volcane ? Car dans 5 ans, en repensant à 2019, tu penseras à LBL et pas à ce petit intermède... et plus prosaïquement, j'en viens à penser que le printemps est vraiment trop sec pour être honnête et que c'est très risqué d'aller faire une cyclo avec toi au mois de juin...
En y repensant, je suis sûr que tu te dis que sans la pluie et le froid, ça n'aurait pas eu la même saveur... et je ne parle pas que de ce petit goût de sang et de glace sur les lèvres !
Ta grandeur d'âme devrait m'inspirer : tu as pensé aux réfugiés syriens, quand dans Pike's Peak j'ai juste pensé à Christian dans le Ventoux ...
Du coup, faut-il vraiment faire la Volcane ? Car dans 5 ans, en repensant à 2019, tu penseras à LBL et pas à ce petit intermède... et plus prosaïquement, j'en viens à penser que le printemps est vraiment trop sec pour être honnête et que c'est très risqué d'aller faire une cyclo avec toi au mois de juin...
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- pasqup01
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il y a 5 ans 6 mois #155379
par pasqup01
"poi Dio creò la bicicletta perché l'uomo ne facesse strumento di fatica e di esaltazione nell'arduo itinerario della vita", Madonna Del Ghisallo
Réponse de pasqup01 sur le sujet CR Liège Bastogne Liège Challenge
Merci à vous tous pour vos sympathiques retours.
Merci également de ne pas avoir railler le ton romanesque, en espérant vous avoir fait sourire de mes petites misères et contorsions cérébrales
Cela restera un bô souvenir guerrier
Même si je fuis habituellement ce genre de météo, content de l'avoir fait, dans des conditions "hors chrono" qui m'auront permis de passer partout malgré mes erreurs de braquet. Ça donne envie de revenir par beau temps !
Merci également de ne pas avoir railler le ton romanesque, en espérant vous avoir fait sourire de mes petites misères et contorsions cérébrales
Cela restera un bô souvenir guerrier
Même si je fuis habituellement ce genre de météo, content de l'avoir fait, dans des conditions "hors chrono" qui m'auront permis de passer partout malgré mes erreurs de braquet. Ça donne envie de revenir par beau temps !
"poi Dio creò la bicicletta perché l'uomo ne facesse strumento di fatica e di esaltazione nell'arduo itinerario della vita", Madonna Del Ghisallo
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- pasqup01
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il y a 5 ans 6 mois - il y a 5 ans 6 mois #155381
par pasqup01
"poi Dio creò la bicicletta perché l'uomo ne facesse strumento di fatica e di esaltazione nell'arduo itinerario della vita", Madonna Del Ghisallo
Réponse de pasqup01 sur le sujet CR Liège Bastogne Liège Challenge
J'oubliais le bénéfice secondaire de ce passage liégeois !
Je recommande, pour la récupération ( ) :
- en liquide ( ) : vaudree-concept.be/vaudree-liege/
- en solide ( ) : une-gaufrette-saperlipopette.be
Je recommande, pour la récupération ( ) :
- en liquide ( ) : vaudree-concept.be/vaudree-liege/
- en solide ( ) : une-gaufrette-saperlipopette.be
"poi Dio creò la bicicletta perché l'uomo ne facesse strumento di fatica e di esaltazione nell'arduo itinerario della vita", Madonna Del Ghisallo
Dernière édition: il y a 5 ans 6 mois par pasqup01.
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