CR Grand Raid 2010

« C\'était déjà l\'enfer, ce n\'était pas la peine d\'en rajouter ». Vendredi après-midi en rentrant du contrôle technique, j\'entends Thomas Dietsch sur Rhône FM donner son avis sur le nouveau parcours. Tout d\'un coup, je ne suis plus très sûr d\'être bien avisé de m\'aligner pour la troisième fois au départ depuis Verbier. De toutes façons, on ne peut plus reculer.

Samedi matin, lever un peu plus tôt qu\'à l\'accoutumée (4h pour un départ à 6). Juste le temps de préparer les derniers détails des ravitaillements et je descends de chez moi vers la ligne de départ.
« 1 à 100 Elites », c\'est ce qu\'annonce le panneau à l\'entrée de mon sas. Visiblement, les organisateurs ont une lecture différente de celle que je fais de mon niveau. Quelques bons voeux du curé de Verbier (de nombreuses participations à la PDG à son actif) et c\'est parti. Albert me salue. On échange quelques mots. On a passé la ligne depuis 10 mètres et il est déjà debout. J\'essaye de partir le plus doucement possible. D\'habitude, dans cette montée je rattrape pas mal de monde. Là, je laisse filer. D\'autant plus que je sens assez rapidement que je ne suis pas au mieux. Les pulsations ne montent pas, mon petit déjeuner me reste sur l\'estomac et il faudra pas mal de maitrise et le soutien actif du sons des cors des alpes aux Ruinettes pour réprimer la nausée qui me gagne. Je devrais pouvoir calmer ça avec la Planie et la descente sur Tzoumaz.

Dans la traversée vers Croix de Coeur, les organisateurs ont transformé le tunnel en véritable boite de nuit avec éclairage rouge et sonorisation. Pas le temps de m\'arrêter pour danser. Je ferme le gilet et je commence à descendre. J\'arrive à commencer à boire, et même à manger.

Là, c\'est l\'inconnu. La nouvelle donne du parcours: Tracouet. Je peine à reconnaître l\'ascension qu\'Albert décrivait à un de ses potes au départ « Ca monte raide au départ puis ça se calme puis y\'a encore 5/6 lacets bien pentus ». Pour moi, ça monte relativement régulièrement. Je suis bloqué entre 140 et 145 et ça sera le cas toute la journée...mais bon, ça me permet de faire l\'ascension gentiment. Je double les deux vélos équipés de moteurs. Ils n\'ont déjà plus de batterie. Une épaisse couche de nuages survole la pleine du Rhône, c\'est magique.
Ca se termine assez vite, il reste 20/30 mètres très raide de poussage. Le gars qui est derrière moi souffle comme s\'il allait rendre l\'âme. Il vivra sans doute un calvaire dans le Pas de Lona s\'il va jusque là.

Je bascule, et là je vois que les organisateurs ont pensé à moi. Une belle descente herbeuse de piste de ski dans le genre de celle de Nendaz. Le moment est bienvenue pour démontrer mon peu de talent dans ce genre de situation et faire une belle glissade. Je m\'exécute en passant même par dessus le vélo grâce à une gouttière creusée dans le sol. Y\'a pas de mal.

Descente sur Nendaz puis remontée vers Thyon. C\'est du connu. Je passe pas trop mal le court secteur un peu technique avec ses nombreuses racines. Arrivé sur Hérémence, on sent clairement que ça va taper aujourd\'hui. Le thermomètre de mon compteur indiquera jusqu\'à 36 entre Evolène et Eison.

Y\'a pas à dire. Aujourd\'hui, je suis lent. Toujours scotché. Je ne monte vraiment pas vite vers Mandelon. Je retrouve les inscriptions VO2 laissées au sol l\'année dernière par Vaco et Guyrando.
Je passe le point de chronométrage et le dernier bout de la route annonce la couleur, c\'est boueux avec de ornières de 30 cm de profondeur à certains endroits. Je maudis intérieurement les laboureurs partis de Nendaz et Hérémence. Arrivé sur la portion rocailleuse chaque année plus défoncée, je perds patience et je laisse échapper pas mal de grossièreté. Les concurrents qui m\'entourent ne sont pas francophones, ça tombe bien. Je suis nul en technique et les sauts à pieds sur les pierres glissantes mettent à rude épreuve ms chevilles. Heureusement ça se finit rapidement mais je perds un bon ¼ d\'heure par rapport à un VTTiste normalement constitué. Dans la fin de la descente sur Evolène, je prends garde à la grosse pierre qui nous a été fatale à Eric et moi l\'année dernière.

Je remonte sur Eison et c\'est là qu\'à mi chemin, ma chaine lâche. Heureusement j\'ai pris un dérive chaine et un maillon rapide. Malheureusement, je perds le maillon rapide dans l\'herbe lors d\'un premier essai de réparation. Je pense un instant redescendre à l\'assistance technique à Evolène. Terminer la montée à pied ne sert à rien, il n\'y a qu\'un ravitaillement en haut. Finalement, après 10 minutes de recherches, je retrouve le maillon. Je le monte. Ca a l\'air de tenir. C\'est reparti. Je retrouve un autre « Elite »de mon sas. « Bravo, t\'es encore entier »-me dit-il. Lui s\'est foutu en l\'air dans la descente sur Tzoumaz, s\'est blessé l\'épaule et se traine depuis lors. Il crèvera encore deux fois dans la descente sur Grimentz. Je ne suis pas si malchanceux.

J\'y vais doucement avec les changements de vitesse, je passe l\'A Vieille, je continue encore un peu sur le vélo et je commence la marche à pieds. Ca se passe pas mal. Je passe le Pas remonte de l\'autre côté sur le Basset et entame la descente plus que prudemment. L\'idée c\'est maintenant d\'arriver entier en bas. Ce que je fais.

Pour conclure:
-une très belle journée avec des paysages toujours aussi magiques
-un peu déçu par ma performance, je termine relativement frais sans avoir pu donner tout ce que je voulais donner
-je ne ferai plus de mécanique dans l\'herbe
-je suis toujours aussi nul en technique et en descente

Salut Gawain !

Désolé que la course ne se soit pas passée comme tu l\'aurais voulu. Désolé aussi de ne pas être resté assez longtemps sur le parcours pour t\'encourager. J\'étais au Pas de Lona et je suis descendu sur l\'A vieille avec ma fille. Comme elle en avait un peu marre d\'attendre nous avons quitté le parcours pour rentrer sur l\'alpage de Lovegno.

Bravo encore pour ta pugnacité !

PS : j\'espère que ce n\'est pas la sortie de mercredi qui t\'a épuisé !

Salut Guy,

C\'était déjà long pour moi alors pour les gens qui étaient au bord du parcours je n\'imagine même pas...
C\'était juste un jour sans, il est pas tombé au bon moment. Mais ne vous méprenez pas, j\'ai quand même passé une superbe journée.

Gawain écrit:

Salut Guy,

C\'était déjà long pour moi alors pour les gens qui étaient au bord du parcours je n\'imagine même pas...
C\'était juste un jour sans, il est pas tombé au bon moment. Mais ne vous méprenez pas, j\'ai quand même passé une superbe journée.

Tu rentres quand ?

Demain matin, à mon grand désespoir!

Gawain écrit:

Demain matin, à mon grand désespoir!

Alors la prochaine sortie sera skis aux pieds ?

Il y a de grandes chances que ça soit sur neige, en effet!

Merci pour ce CR Il donne vraiment envie.

Bonne journée mais un peu galère quoi. Dommage que la forme n\'ai pas été la meilleure mais ce sont des aléas qui arrivent. En tout cas, belle persévérance.


Bon repos avant le reprise :wink:

lebad écrit:

Un bien beau CR !

J\'imagine toutes les images qui doivent encore flotter dans ton esprit...

Cette épreuve a une importance particulière pour moi. Et s\'il y a eu un peu de déception sur le moment, déjà avec 24h de recul, je me rends compte du privilège (car pour moi c\'en est un) de pouvoir s\'aligner au départ.

Sfay écrit:

Xavier,
comme je te le disais, te suivre par écran interposé fut agréable, mais ton CR me fait regretter de n\'avoir pu t\'accompagner tout au long de ce grand périple.

L\'année prochaine pour une nouvelle fois?

H-S4 4. Ebener Jacques Bramois 1941 6:18.51,6

Wow!