Le maillot tricolore attend Gilbert
Le Liégeois est le grand favori d’une course où il a déjà fini 3e et deux fois 2e
Philippe Gilbert était occupé à soupeser les chances de chacun à quarante-huit heures du championnat de Belgique, quand est tombée l’annonce du forfait de Tom Boonen pour le National et le Tour.
“Je savais qu’il était touché, je l’avais vu à Monaco après sa chute en Californie, il peinait”, confiait le Liégeois. “Dommage pour lui, ça change aussi la stratégie de Quick Step dimanche. Ils vont devoir prendre leurs responsabilités et attaquer. Sur un tel circuit qui convient à beaucoup, on n’aurait pas pu lâcher Tom sauf en le piégeant tactiquement. Maintenant, des gars comme Devolder ou Devenijns doivent tenter quelque chose, au sprint, ils sont barrés.”
Le championnat de Belgique a souvent réussi au Wallon auquel il ne manque que la victoire. Deuxième en 2006 à Anvers où Eeckhout l’avait devancé au sprint, troisième à Renaix quand Devolder s’était imposé en 2007, Gilbert avait été battu l’an passé par Boonen, chez lui, sur le circuit d’Aywaille.
“C’est différent”, assure-t-il. “J’étais le favori, la course se jouait chez moi, devant mes supporters, cela me donnait plus de pression.”
Surtout, il y avait eu un couac au sein de son équipe, Greg Van Avermaet et le Liégeois se tirant dans les pattes dans la dernière ligne droite. Depuis lors, c’est un peu la guerre froide entre les deux hommes.
“J’ai parlé à Greg mercredi, je sais qu’il est ambitieux”, explique le vainqueur de l’Amstel. “Avec Roelandts, nous sommes trois coureurs qui peuvent légitimement gagner dans l’équipe. À nous de ne pas nous tirer dans le dos et qu’un autre en profite pour gagner.”
D’autant que le National est une course particulière, disputée par un peloton assez disparate où des équipes comptent plus de dix, quinze éléments alors que d’autres sont esseulés.
“Franchement, ce n’est pas une course très gaie à courir”, avoue Gilbert. “Avant une classique, on sait où on va, on sait où on en est. Ici, tout peut basculer après trois tours parce qu’un groupe de vingt coureurs s’en va et qu’il y a six gars de chez nous devant. On peut être champion sans être à 100 %, pas au Tour des Flandres.”
Boonen absent, c’est sur les épaules du n°2 mondial que va reposer le poids de la course.
“Le niveau n’est pas celui du ProTour”, explique-t-il. “Il y a des temps morts de plusieurs minutes qui permettent à beaucoup de se refaire une santé. Pour moi, mon adversaire principal, c’est Bjorn Leukemans. Mais Steegmans est bien aussi, ou Maxime (Monfort) qui peut profiter du marquage. Ou les jeunes de Vlaanderen.”
Eric de Falleur
© La Dernière Heure 2010
