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4. Physiologie neuromusculaire et préparation

Maintenant on connaît la typologie musculaire et les bases du fonctionnement de la commande nerveuse qui donne l’ordre à nos muscles de bouger.

Que se passe-t-il au niveau neuromusculaire tout le long du plan d’entraînement ? Nous allons essayer de comprendre comment les muscles et
le système neuromusculaire évoluent et s’adaptent en fonction des stimuli et sollicitations. Que se passe-t-il lors d’un entraînement de force ou de sprint ?

 

  • Apprentissage du système nerveux central (SNC)

Comme vu précédemment, le SNC communique au SNP par l'intermédiaire d'un motoneurone, un signal électrique qui va activer des unités motrices (UM). L’intensité et la fréquence de pulsation de varient en fonction de la puissance requise pour une action.

Ce qui est remarquable, c’est que le SNC/SNP s’adapte avec le temps. Les 2 premiers mois d’un entraînement en force, il n’y a pas d’hypertrophie musculaire, cependant on observe un gain de force. Ce gain provient uniquement de l’amélioration de la commande électrique. Si on fait des mesures EMG (électromyogramme) on observe un accroissement de la fréquence de pulsations des unités motrices ainsi qu’un pic électrique plus précoce. Cela veut dire que le temps d’installation de la force est meilleur.

Rappel: les signaux que l'on voit si dessous ne sont pas des influx nerveux mais ce sont les signaux électriques dans les fibres musculaires.

Un autre phénomène récemment découvert. Chez des athlètes entraînés dans des disciplines explosives (sprint, lancer etc ..), le SNC envoie des pulsations par « doublet » lors de sollicitation extrême. Donc un gain de force.

Le recrutement des fibres à travers les unités motrices (UM) dépend de la force requise. Le SNC active en premier les UM lentes, intermédiaires puis rapides. En clair même lors d’un sprint on utilise ses fibres lentes.


( * Recrutement des fibres en fonction de l'intensité de charge (Costill 1980))

Cela montre bien que la typologie musculaire joue un rôle dans les sports. Dans les sports d’endurance, un athlète prédisposé (fort pourcentage de fibres lentes) pour une forte charge mettra plus de fibres lentes à contribution. Il aura certes mois de force mais ces fibres sont infatigables. CQFD !!!

  • Apprentissage intramusculaire versus intermusculaire

Lors d’exercice de force pure, en général le mouvement se fait à une vitesse constante en appliquant une charge importante. Appliqué à notre sport, cela veut dire pédaler à une cadence de 40 TPM et appuyant très fort sur les pédales. On améliore la coordination intramusculaire, c'est-à-dire l’ensemble des UM dans un muscle.

Lors de mouvement explosif, comme un sprint, on doit accélérer une masse ou une charge. Dans notre sport c’est la capacité à augmenter la fréquence de pédalage en un temps très court. Avec un un grand braquet bien sûr. On améliore la coordination intermusculaire.

On voit l’intérêt de pratiquer des sprints et des exercices de force même pour un sport d’endurance qui a priori ne fait pas appel à des qualités explosives. Sauf pour les pistards ou les purs sprinters.

 

  • Travail sensori-moteur

Les exercices d’équilibre, de pilotage, tout ce qui fait appel à la cognitivité ont une répercutions sur la puissance. Ce travail sensoriel améliore le travail intermusculaire. Des haltérophiles qui ont suivi un programme de développement sensori-moteur on eu un gain de puissance.

  • Notions appliquées au cyclisme

J’ai tenté d’imaginer comment tout cela s’applique au cyclisme et dans quel ordre. Les numéros de 1 à 4 correspondent à la chronologie.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, nous devons poser 2 grands principes :

 

  • Le couple Force/Vitesse suit une loi linéaire. Voir sur le schéma (ligne bleu et jaune)
  • La puissance c’est la force par la vitesse. En cyclisme P = F x V

  • La force/vélocité

Avec l’entraînement, on assiste à un déplacement de la courbe bleu Force-Vitesse vers la droite (courbe jaune). Ce gain résulte en grande parie d’un gain de force. Pour ce qui est de la vélocité c’est malheureusement la génétique qui décide. Il est donc primordial d’accorder du temps au développement de la force.

La vélocité sert à améliorer l’interdépendance des UM entre elles. On améliore la coordination et la fluidité du mouvement.

A cette période on peut également démarrer un cycle d’électrostimulation. Toujours cette idée de cibler les fibres à recruter. Je suis assez favorable à utiliser le programme force. Pendant ce temps le SNC dort !!!

  • PMA/Sprint

On travail un maximum de fibres. Le système SNC va pouvoir s’adapter en envoyer un max. de « sauce » aux UM. Et pourquoi pas des pulsations en « doublet ».

Ce n’est pas intuitif, mais il semble que travailler l’explosivité améliore également la PMA. Au moins, j’aurais appris quelque chose à ce séminaire UCI !!!

  • Travail Sensori_moteur

Si on est à l’aise sur son vélo, alors on se positionnera mieux et le mouvement sera plus fluide. Cela me laisse à penser que le VTT fait énormément appel à la proprioception : motricité, pilotage, saut etc … Donc un pilote de VTT aura de meilleures facultés sensori-motrices qu’un routier. Il est donc conseillé aux routiers de chevaucher un VTT pendant la période hivernale.