Voici le compte rendu des trois jours de course du Houffalize Open Tour. Je m'y rendais en fin de cycle pré-comp avec une bonne dose de fatigue déjà accumulée, mais surtout avec Sébastien mon coéquipier pour les Chemin du Soleil dans le but de procéder à un dernier réglage "grandeur nature".
Arrivé sur les lieux Vendredi en milieu d'après midi, j'ai ainsi le temps d'installer ma tente sur notre emplacement au camping, d'aller chercher les plaques de cadres, et de passer dire bonjour aux têtes connues. Puis direction un bref échauffement, et voilà Sébastien qui arrive in-extremis pour que je lui remette sa plaque. Placement en box pour le prologue, composé d'un start loop et d'un tour complet sur l'ancien circuit de la coupe du monde.
Le départ se fait en masse à 19h, ce qui laisse augurer de gros bouchons dès les premières difficultés techniques car il y a 260 partants… La côte asphaltée de Saint Roch permet d'étirer un minimum le peloton, mais dès le premier single track, ça sera plusieurs minutes de perdues à attendre que la circulation se fluidifie. J'arrive à rester sur le vélo dans la descente vers le lyçée et double de grosses poignées de concurrents ce faisant, dont l'ami Charles du team GSkin au moment où il se trouve bloqué par un concurrent maladroit devant lui. Dans la montée qui suit, mes instinct marathoniens me font tomber la plaque, erreur car Sébastien et un autre ami me dépassent alors à vive allure et je n'arriverai pas à prendre leur roue. À l'approche de la technique descente de l'arsenal, à nouveau quelques bouchons. Heureusement le fameux pif-paf de la plaque de schiste est fermé pour un "chicken way" moins dangereux. Puis, nous remontons immédiatement, via la montée en lacets, pour ensuite rejoindre l'arrivée au cœur du village. Direction à présent la montée qui nous conduit vers le sentier monotrace technique qui débouche sur la mythique descente de la fosse d'Ourth. Cette difficulté abordée pour la première fois en ce qui me concerne me permettra à nouveau de doubler pas mal de concurrents. Nous remontons à présent vers le point culminant du circuit via une pente relativement régulière. Au sommet Charles revient, et je prend sa roue un instant, pour finalement reprendre les commandes dans la descente technique qui suit. Je décide de ne plus tomber la plaque et met les pleins gaz. En haut de la remontée de l'Arsenal, Charles n'est pas loin. Je fais la descente et rejoins le bout roulant qui ammène à l'arrivée, où Charles sortira au dernier moment pour passer devant. Nous nous classons à l'entrée du top 150. Cet effort typé XCO laisse des traces lactiques certaines pour mes jambes habitudées aux marathons, et la récupération prendra une place importante de la soirée. Décrassage, streching, hydratation, alimentation, et voilà déjà le moment de rejoindre le duvet.
Au sortir de ce prologue, je n'ai malheureusement pas les infos cardio (Garmin en panne de batteries) mais c'était très (trop) haut dans les tours pour une course à étapes type marathon… difficile de faire autrement. Un superbe tracé physique et technique à souhait. Pas mal de toxines accumulées dans les jambes. Une petite reproche concernant l'organisation: un départ en vagues successives ou un concurrent toutes les 30 secondes aurait été plus approprié, car énormément de temps perdu dans la start loop.
Le Samedi le départ est donné à 9h, une étape donnée pour 70km et 1200m de d+ avec une longue portion roulante en milieu de course. Levé au chant des oiseaux, la journée s'annonce radieuse et les 4°C à 7h du matin auront vite fait de laisser place à des valeurs plus agréables pour rouler. Après ma routine du déjeuner je passe prendre un café chez les amis du club de Seviscourt. La stratégie pour aujourd'hui avec mon coéquipier a été établie pour ne pas nous griller, et rouler en "mode raid" c'est à dire refuser la zone rouge. L'échauffement nous fera arriver un peu tard dans le box, erreur… car le début du tracé est une aberration: nous montons directement vers le sentier menant à la fosse d'Ourth, et évidemment cela génère d'énormes bouchons et de longues minutes d'attente. L'organisation est à blâmer, mais nous aurons au moins le plaisir d'être pris en photos par Olivier, en pleine action dans la superbe descente de la fosse, et avec le sourire s'il vous plait! Voilà au moins l'écrémage fait, et les 20 premiers kilomètres qui suivent vont s'avérer très physiques, et aussi bien techniques. Emportés par notre enthousiasme, nous roulons un peu haut dans les tours, sans pour autant jouer les têtes brûlées évidemment. Nous abordons alors la longue partie plus "roulante" sur le plateau qui nous conduit à Bastogne. C'est plus plat effectivement, mais nous allons emprunter beaucoup de sentiers défoncés et qui ne laissent aucun répit sur le vélo, car il faut constamment enrouler et travailler pour atténuer les chocs. De plus, le vent est défavorable. Aux alentours du kilomètre 30 nous rattrapons Charles et l'incitons à prendre notre roue car dans ces sections exposées rouler seul est une gageure. Je vais alors réaliser que ma préparation cette année a fait de moi un "rouleur puncheur" car si je suis toujours un ton en dessous de Sébastien dans les côtes raides, je fais merveille dans ces longues sections en faux-plat. Dans ma roue les collègues m'avouent qu'ils ne pourraient pas prendre de relais car trop haut dans les tours, alors que je mène un train où mon cardio est tout à fait acceptable: aux alentours de mon seuil aérobie de début de saison. Charles finira ainsi par lâcher prise après le second ravitaillement. Nous approchons alors de la section finale où nous avons pointé trois côtes dans les derniers kilomètres. La plus dure sera vraiment l'avant dernière avec un long mur raide et technique, où nous payons le début de course en fanfare car les jambes ne peuvent tout simplement plus faire monter le cardio au niveau du début de course, preuve s'il en est d'une mauvaise gestion de l'effort. Nous ne perdrons malgré tout qu'une place, ce qui n'est pas catastrophique, car nous continuerons aussi à doubler quelques concurrents.
Nous progressons à l'issue de cette étape sous la 130e place. Au total sur cette journée, 74km et plus de 1400m de d+. De bonnes sensations globalement, malgré un final où j'ai un peu subi le relief. La seule chose à revoir pour l'an prochain sera donc le départ.
Profil étape 1:
connect.garmin.com/activity/82809086
L'après midi sera mis à contribution pour bien récupérer, et une bonne sieste sera la bienvenue. Nous allons voir la course des légendes à 18h30 sur un court circuit majoritairement urbain, un moment très sympa où des grands noms du VTT (Brentjens, Frischknecht, Kluge…) feront le spectacle. Puis, nous commettons la grosse erreur sportive du week-end, en nous laissant entrainer dans un "marathon Chouffe" comme seul les Ardennes peuvent vous réserver. Très bien pour l'ambiance, mais très mal pour les jambes.
Dimanche, il fait encore plus beau, mais j'ai clairement la gueule en travers après toute cette délicieuse bière ingurgitée le soir avant. Bouche pâteuse et léger mal de crâne. Il ne reste plus qu'à mordre sur sa chique car l'étape du jour s'annonce plus dure: 80km et 1800m de d+ annoncés. Après la routine matinale qui me mène du bol de muesly à l'échauffement, nous voilà en box où nous prenons cette fois soin de mieux nous placer. Le départ cette fois-ci permettra d'étirer assez bien le peloton, mais on emprunte encore assez vite des sentiers où des ralentissement se feront sentir. Pas de pied à terre cependant. On collabore bien avec Sébastien en prenant soin de ne pas trop en faire. Puis nous commettons l'impair de la journée avec une erreur de fléchage qui va nous ajouter plusieurs kilomètres au compteur. Un groupe conséquent a fait la même erreur que nous, et nous rebroussons chemin pour retrouver les flèches. Nous devons alors doubler à nouveau des concurrents déjà dépassés. Le tracé de cette journée est magnifique, composé de montées majoritairement difficiles, de portages, et de belles descentes parfois techniques et parfois rapides. Les organisateurs nous ont même réservé un beau champ de boue "à la belge" comme on en avait plus vu depuis quelques temps. Nous voilà donc bien crottés pour dévaler la descente vers Maboge qui emprunte une partie de la piste de DH où nous nous régalons malgré de belles chutes devant nous. On aborde alors les grosses difficultés de la journée, notamment en remontant de la Roche vers Samrée, ascension qui débute par un vicieux portage dans un pierrier. Plus ça va, et moins les jambes répondent, le moral joue un rôle prépondérant pour arriver à continuer sans baisser trop le rythme, d'autant que les murs placés à intervalles réguliers dans ces longues pentes sont un peu limite à aborder avec le 27 à l'avant, en tenant compte de l'état de fatigue accumulé. Au dernier ravitaillement nous retrouvons Charles. On l'avait doublé peu après le début du parcours, mais notre erreur de fléchage lui avais redonné l'avantage. Il nous apprend que toute la tête de course a du être neutralisée suite à un défléchage à un autre endroit. On aborde alors 10km au profil majoritairement descendant, et peu après la sortie du ravitaillement Sébastien se fera très peur avec un soleil qui aurait pu le laisser sur le carreau pour le compte. Heureusement, plus de peur que de mal. Dans la suite de cette longue descente nous allons emprunter des passages en balcons magnifiques et techniques, un des grands moment de l'étape à mes yeux. Nous avions à nouveau pointé 3 côtes principales sur les 10 derniers kilomètres, et déjà, la première fait très mal… Au sommet je décide de sortir la dextrose, mais je me retrouve avec le Camelbak vide! Je fais la descente, et nous embrayons quasiment instantanément par une nouvelle côte où j'arrive à enclencher, regain d'énergie du au dextro. Je suis content car le cardio répond bien, je reprend des tours comme au début d'étape! À la sortie d'un mur, bruit sinistre derrière: Sébastien vient de casser sa chaine… Je m'assure qu'il ait bien tout pour réparer, et continue ma route car je souhaite profiter de mes bonnes jambes sur le final. Le dernier mur sera bien technique, puis plus roulant, je reprend alors pas mal de concurrents en passant tout en puissance. Franchir la ligne, boire un bon coup, souffler.
On passe alors sous la 110e place au général, pour une bonne progression constante au classement sur toutes les journées. Cette dernière étape nous aura finalement coûté 83km et 2300m de d+, pas mal!
Profil étape 2:
connect.garmin.com/activity/82809914
À l'arrivée, sentiment agréable d'avoir tout donné sur ces 3 jours de course, et de nous être super bien amusés avec une ambiance du tonnerre. Des points perfectibles pour l'organisation: départ, fléchage… Sinon, un succès pour cette première, avec un niveau très relevé: du top 50 au Cape Epic, du top 10 à l'Alpen Tour quand on va chercher plus haut… Avant de repartir j'irais faire quelques photos de la course élite pour admirer le duel Absalon/Schurter, avec un Marotte en très grande forme. Le tout sur un circuit UCI encore durci par rapport à l'an passé.
Pourquoi arrivé entamé sur ce genre de courses sur 3 jours ?
