24 heures VTT de Cergy, petit CR

Le week-end dernier, j'ai participé aux 24 heures de Cergy, un fournisseur du boulot avec lequel j'ai sympathisé m'a proposé de me joindre à leur équipe. Bref, me voilà embarqué dans un truc...

Partagé entre l'envie de faire un 24 heures, mais aussi entre la crainte de ne pas tenir sur la distance. Eh oui, mon rythme ne m'inquiète pas trop sur un tour, mais quid de mon endurance ? Il faut dire que je garde en tête le souvenir d'une galère incroyable. Cela fait déjà quelques années, mais je ne pense pas l'oublier de si tôt. On n'explose pas à 35km de la voiture impunément, j'avais mis 2h30 pour rentrer et j'avais dû lutter contre des crampes partout, absolument partout. J’étais vidé comme jamais.

En ayant cela en tête, difficile d'être serein les semaines avant le départ alors, forcément, je roulerai avec "le frein à main" pour ne pas trop me consommer dès les premiers relais. En tout cas, ça, c'était le plan.

Côté préparation, le manque d'entraînement se fait sentir et plusieurs semaines avant, j'ai compris que je ne serai pas au mieux de ma forme. Poids de forme dépassé de 2kg, manque d'heures de selle, aucun entraînement spécifique. Ma préparation s'est limitée à rouler pour le fun et à m'habituer à mes éclairages, pour éviter les mauvaises surprises durant la nuit.

Le week-end précédent, rando dans le sud de l’Essonne, quelques soucis de balisage m’ont valu un petit surplus de distance. 80km au lieu des 72 prévus. La moyenne a été élevée sur les 60 à 65 premiers km, et puis j’ai dû lever le pied pour finir. Pas très rassurant.

Seules satisfactions d’avant 24h, avoir tout de même bouclé 80 bornes de vtt sur un rythme global élevé même si la vitesse a chuté. Et mon chrono sur mon parcours fétiche, quelques petites secondes derrière mon record absolu alors que j’ai été ralenti par deux arbres en travers.

Le jour J, je retrouve Sylvain chez lui, Gaëtan nous y rejoint à son tour. Nous filons sur le site de la course, un peu à la bourre et les deux compères déjà sur place ont été chercher le transpondeur. Installation du stand, vérification des vélos et tour de repérage. La butte à Juju sera une formalité, la pente est un peu raide mais sacrément courte. Bref, je ne suis pas inquiet !

Fichtre, la météo n’est pas très engageante. De fait, une averse nous douche quelques minutes avant le départ et Xavier, qui se prépare à courir vers son vélo, est en face de nous avec l’ensemble des autres 1ers coureurs. Sous la flotte. Il boucle son tour, le pauvre, je n’aurais pas aimé être à sa place. La pluie cesse et Sylvain enchaîne.

Avec les passages, le sol n’est finalement pas trop liquide. La butte à Juju est néanmoins neutralisée, tant pis pour le dénivelé et tant mieux pour la sécurité. Lors de mon tour de reconnaissance, j’avais repéré un gauche un peu tangent alors que le sol était plutôt sec.

A moi de rouler ! Je pars dans l’esprit de ne pas me cramer, de ne pas prendre le risque de chuter. Et puis, en définitive, le naturel revient au galop. Si je suis parti doucement, je fini mon tour en trombe. Chrono : 20’18. FCmax atteinte (soit 187bpm) et une moyenne de 177bpm soit 95% de FCmax.



On voit clairement ma gestion d’effort sur cette courbe, a posteriori, je regrette de ne pas avoir mis plus de peps en début de tour, à chaque fois nous sommes partis arrêtés là où d’autres équipes enquillaient les passages de relais lancées. Satisfaction quand même, car malgré ce départ prudent, je tourne presque dans les temps de gars venus faire un podium et qui, eux, sont partis à bloc.

Gaëtan enchaîne, puis Patrice. Pas de chance pour lui, une nouvelle averse encore pire que la première nous tombe dessus. Xavier en fera les frais, il revient… moucheté de boue ! Une fois encore, j’ai de la chance car après le tour de Sylvain, la piste s’est améliorée à nouveau. J’essaye de me raisonner, cette fois je pars en douceur et je finis en douceur… Tu parles, je recommence : 20’18 une fois encore ! Des stats très proches avec un maxi à 186 et une moyenne à 177bpm. Jolie répétabilité !

La course se poursuit, la boue se fait collante. Ma chance tourne, plus les vélos passent et plus elle colle… je passe au moment le pire et dans une descente, alors que je n’ai strictement aucun grip, l’arrière décroche. Je suis en travers et je sais que je ne vais pas récupérer le vélo tant l’avant lui-même n’a à la fois pas d’adhérence et est freiné dans sa progression. Bref, l’arrière va plus vite que l’avant et je vais au tapis. Fait chier…

La séance de tobogan m’a énervé, je repars à l’attaque mais je suis aussi, souvent, contrains de lever le pied. Le dernier coup de cul du parcours passe encore tout à gauche, à la corde et là où c’est le plus raide. Il faut dire que nous sommes peu à tenter le passage ici, alors le sol a été un peu préservé. Mais la motricité me manque sur le plat au moment de relancer avant la ligne de chronométrage. Je relance sur des œufs tant ma roue arrière cire sur le bitume jonché de boue.

J’assurerai dans les derniers virages et pour compenser, plein gaz en ligne droite. Pas fâché d’être arrivé, j’apprends que la butte où je suis tombé a été neutralisée. Pas un mal. 23’07 sur ce tour, le plus dur de la course pour ma part et une FC moyenne de 170 alors que j’ai souvent dû lever le pied pour gérer l’adhérence. Karcher, car le vélo est dans un état…

Les conditions finissent par s’améliorer mais nous craignons pour la nuit. Sous la flotte, cela sera dur… La motivation de tout le monde dans l’équipe en prend un (gros) coup et nos temps s’en ressentent. La météo est désagréable, le temps humide, j’ai froid, je suis fatigué alors que je n’ai bouclé que trois tours. Cela promet !

En début de soirée et alors que la nuit tombe, je dois faire un relais double par rapport à l’organisation de l’équipe. Je gère l’effort et les temps sont corrects, 44 minutes pour deux tours. Je mange, je bois et pas que de l’eau. La boulette, j’ai bu cette saloperie de Red Bull, dont je soupçonne qu’elle sera à l’origine de quelques problèmes musculaires.

Alors que je suis sur le point de repartir : crampes ! Xav’ se prépare en catastrophe pour assurer mon relais. Désolé pour lui qui avait roulé la fois précédentes, deux autres larrons étant déjà couchés il est notre seul jocker. Je fais passer les crampes tant bien que mal en me massant et en m’étirant.

Je repars en ayant en tête de ne surtout pas forcer. Les accélérations seront douces et je compenserai en mettant un peu plus d’ardeur en ligne droite, mais sans m’arracher. En dehors de ce petit détail, le roulage de nuit est un plaisir. L’impression de mon précédent relai se renforce, on dirait qu’il y a moins de monde en piste. Je ne force pas, mais personne ne me double et c’est plutôt moi qui dépasse. Je suis dans la dernière ligne droite, je passe la lampe que j’ai sur le casque en mode clignotant pour prévenir mon stand.

Je continue et… je me retrouver tout en bout de ligne droite ! Merde, j’ai réussi un truc incroyable, je suis passé devant mon stand sans le voir ! Bon, inutile de revenir en arrière, je vais perdre du temps et en plus, c’est interdit. Tant pis, je suis parti pour un autre tour. Sans forcer, je réussis tout de même à tourner en 23’ à peine dans mon premier tour et en un peu plus de 21’ dans le second. Pas mal !

Inutile de préciser que je me suis fait chambrer en rentrant ! J’étais tellement concentré sur mon pédalage et la gestion de mon effort que j’ai loupé le stand. En ayant habitué mes coéquipiers à tourner en à peine plus de 20 minutes, ils se sont posé des questions… Sylvain a poireauté plus de 20’ sur son vélo à l’arrêt, désolé pour lui.

La course se poursuit et je fais encore deux tours avant d’aller me coucher : 22’30 (FCmax 166 / FCmoy 155) et 22’19 (FCmax 165 / FCmoy 154). Il fait froid, 12°C, je suis fatigué et un peu en pilotage automatique je dois dire.

Au petit matin, je suis claqué et pas franchement réveillé quand je dois enfourcher mon vélo. La piste est rapide, mais je suis encore dans mon duvet : 23’13, mon pire temps, plus lent que dans la boue collante avec un parcours plus long ! FCmax 156 / FCmoy 143. Là, j’ai limite honte d’avoir fini ma nuit sur le vélo. Au moins je ne me suis pas cramé.

Le soleil semble décidé à revenir plus franchement, le rythme s’accélère et je commence à revivre. Je boucle un tour sans histoire en 21’48, toujours pas très réveillé mais je viens de brancher les accu de secours. Pas grand-chose à dire, FCmax168 / FCmoy 153.

Avec la fin de course, nous nous inquiétons de notre place. Bon, on a perdu du temps durant la nuit, on l’a joué « tranquille » en général car la motivation nous a manqué après la pluie. Nous sommes 14ème avec deux équipes à 10’. L’an dernier, mes coéquipiers on fini 17ème, il faut conserver notre place ! Or, cela pourrait être tangent car seuls les tours terminés en moins de 24h seront comptabilisés. Bref, nous pourrions être rejoints et il suffirait d’un pépin technique pour passer derrière.

En gros, nous devons attaquer. Je me réveille vraiment, je boucle un tour en 20’26. En tout cas, c'est le temps que j'ai au chrono, déclenché un peu avant mon départ réel. Le vrai chrono est un peu meilleur, environ 20'. Marrant, je vois sur les courbes qu'avant chaque départ, ma FC monte toute seule par l'effet du stress !



Mes coéquipiers attaquent eux aussi, Gaëtan qui était généralement en 25’ voire 27’ durant la nuit s’arrache pour sortir un 23’ ! Patrice, notre vétéran de 52 ans, qui a fait preuve d’une constance à toute épreuve en tournant dans un rythme similaire, claque son record en 24’ !

Xavier part pour son dernier tour. 18 minutes plus tard, nous allons à l’arrière de notre stand d’où nous voyons le dernier coup de cul et la ligne de chronométrage. Après, il y en a encore pour environ 3’. Nous attendons, qu’est-ce qu’il fout ? Nous allons perdre du temps ! Mais en réalité, Xav’ est déjà passé et nous l’attendons à l’arrière du stand. Il y débarque alors que nous sommes tous… absent ! Bon, pas très sérieux, mais je crois que cela résume bien notre gestion de course !

Je cours vers l’avant du stand en me débarrassant du truc qui me tient au chaud. Je saute sur le vélo en cata, je pars en sprint. Ce sera mon dernier tour et c’est la seule fois de la course où je démarre à fond. Il faut le dire, j’ai été énervé par l’incident. J’enquille le petit bout de ligne droite à bloc, j’entends des commentaires du style « on ne dirait pas que ça fait 24h qu’il roule ». Certes, mais quand Sébastien fâché, Sébastien toujours faire comme ça

Je fais en 1’20 une portion de parcours que jusqu’alors j’ai effectuée en 2’. Visiblement, je vais vite ! Tout le monde s’écarte devant, ça tombe bien. Je suis tout de même rejoint par deux gars qui se disputent la victoire. Ils se signalent, nous sommes sur des chemins larges et ils n’auront pas de problème pour me passer… sauf qu’en fait je suis plus vite qu’eux et je lève le pied pour qu’ils passent avant de ne plus pouvoir le faire !

Je m’accroche à leurs roues durant la moitié du tour. Là, nous allons vraiment vite et les différences de vitesse avec les autres coureurs que nous doublons sont assez importantes. A ce niveau, il faut saluer le bon esprit qui règne et tout le monde s’écarte voire s’arrête carrément pour laisser passer les plus rapides.

Je suis survolté, mais je n’ai pas perdu ce qui fait MON point fort : je sais plutôt bien gérer mon effort et malgré le rythme, j’ai l’impression d’avoir une précision de scalpel dans mon pilotage, bref je suis totalement lucide. Cela m’aide à relâcher un peu l’effort avant qu’il ne devienne trop élevé au risque que mon rythme s’effondre en fin de tour.

Je pense être assez proche de l’optimum et je fais remonter l’intensité en douceur, en laissant filer quelques secondes là où je sais qu’un effort plus brutal m’en ferait perdre davantage après. Le coup de cul d’avant ligne se profile, je le passe sans m’arracher, j’ai remarqué que ceux qui forcent perdent beaucoup de temps sur la relance. Après, il n’y a plus que du plat et quelques virages, il faut aller très vite.

J’en termine avec un chrono d’à peine 18’40. Un peu moins dans les faits, j’ai lancé le cardio en courant vers mon vélo et je ne situe pas avec précision mon départ. Je sais juste que nous perdons 15 secondes environ à mettre le transpondeur, j’ai perdu probablement 10 secondes entre le déclenchement du chrono et le moment où j’ai enfourché le vélo. Bref, le chrono est costaud et se situe dans les bons temps des équipes rapides. Pas mécontent de moi sur ce coup ! FCmax 172, on voit que la fatigue est présente et FCmoy 164 soit 95% de mon maximum du moment.



Sylvain enchaîne et lui aussi fera son meilleur tour. Nous avons tous donné notre maximum, j’apprécie beaucoup cela. Nous avons ainsi conforté notre position et il nous restait plusieurs minutes entre l’arrivée de Sylvain et la fin des 24 heures. Nous voulions avoir cette marge en cas de pépin, crevaison ou autre.

Au final, je suis fatigué mais l’adrénaline de la fin de course m’a complètement relancé. Sur le week-end j’ai dû faire environ 130 bornes dont une partie à fond. Le pire, c’est que ma fin de course me frustre de ne pas avoir mis la gomme sur mes autres tours, notamment en début de relai. Je sens que je vais revenir l’an prochain pour résoudre ce petit problème !

un grand plaisir que de lire un tel CR

j'ai beaucoup aimé le titre 'petit CR'

Bof, 2400 mots et 13.000 caractères, la routine quoi

Oui, c'est intéressant de voir comme la FC max diminue au fil des 24h. Et ce, alors que le rythme ne baisse pas. Car objectivement, j'étais plus rapide dans mon dernier tour que lors des deux premiers. Le chrono est une chose (20'18" pour les 2 premiers, à peine 18'40" pour le dernier) mais mon niveau d'engagement était encore un poil supérieur. Sinon, je fais ces tours avec une FC moyenne de 95% de ma FC max du tour. Et je pense que ma FC max du tour correspond aussi à ma vraie FC max à ce moment là. Bref, je passe de 187bpm à 172bpm.

Je pense aussi que la courbe de FC ascendante entre le début et la fin du tour (et ce, à chaque tour) ne déplaira pas à Ivan ! Je commence à pas trop mal gérer mes efforts en acceptant ce qu'avant je refusais : maintenant, je sais perdre 5 secondes pour en regagner 20 derrière.

Félicitations à vous tous ! Et toi en particulier, Seb, pour un gars pas préparé....
CR impressionnant, en plus !

Toutefois, je comprends ta frustration, tu aurais sans doute pu appuer un peu plus avant le dernier tour. Mais bon, c'est ça aussi la gestion de course. Et ce doit pas être facile sur 24h !

Bravo encore.

Ben oui. D'autant que j'ai quand même quelques précédents "d'explosion en vol". Donc rouler avec cette épée de Damoclès au-dessus du guidon s'est traduit par un faux rythme sur la plupart de mes tours. Maintenant, j'ai un peu plus de recul et je sais qu'avec la préparation que j'aurais dû mettre en place, je tiendrai sans problème en prenant chaque tour à bloc ou presque.

Bon, année d'apprentissage quoi !

as tu des photos de cette épreuve ??

Euh... non, même pas !

Sinon,

Ah si, j'ai trouvé ceci sur www.lamapix.com/

J'veux pas la ramener, mais on voit ceux qui montent sur le vélo






Et là, j'ai l'air super bien réveillé

Comment veux-tu que je le sache ? C'est vrai quoi, je roupillais sur mon biclou, pouvais pas voir le photographe