MARRE ! RAS-LE-BOL !
Oui, il y en a marre de voir les affaires de dopage ternir l’image de notre sport préféré.
Marre d’entendre nous scander « EPO » les automobilistes qui nous doublent le dimanche matin
Marre aussi de voir le cyclisme glisser peu à peu de la rubrique sport vers celle des faits divers.
Depuis 10 ans et l’affaire FESTINA, il n’y a pas une saison, pas un Tour de France qui ne soit pas entaché par des faits de dopage.
Le dopage sur le tour 2008
La dernière «grosse affaire» en date concerne le Tour 2008. Débutée durant la course en juillet, son épilogue vient à peine d’avoir lieu. Sept coureurs ont été contrôlés positifs et pas des moindres.
Le catalogue des produits est le suivant :
- D’abord la meilleure vente, un grand classique, une valeur sûre : l’EPO pour ces deux messieurs espagnols, le vétéran BELTRAN (37 ans) et l’illustre inconnu DUENAS
- Sinon il y a le dernier produit à la mode, très tendance cet été : le CERA (EPO de 3ème génération) pour les compères italiens RICCO et PIEPOLI ainsi que les germanophones KOHL et SCHUMACHER (la Formule 1 des contre-la-montre !)
- Pour compléter la gamme, il y a aussi l’heptaminol que M. FOFONOV de nationalité kazakhe apprécie tout particulièrement.
Les suspensions déjà prononcées vont de 3 mois pour FOFONOV à 2 ans pour RICCO.
Les derniers cas positifs concernant les deux coureurs de la désormais défunte GEROLSTEINER. Ils ont été révélés par L’AFLD (Agence Française de Lutte contre le Dopage). Le laboratoire de Chatenay Malabry avait soigneusement conservé une trentaine d’échantillons douteux prélevés sur le Tour en juillet dernier.
La méthode pour confondre les tricheurs ne peut souffrir d’aucune contestation. Les tests sanguins ont été pratiqués conjointement par des laboratoires reconnus pour leur compétence en France et en Suisse.
Le constat est implacable :
- près du quart des étapes (5 sur les 21) voient leurs résultats faussés
- des étapes cruciales pour le classement général sont concernées ; deux pour RICCO et une pour PIEPOLI, toutes en montagne et les deux CLM pour SCHUMACHER
- le podium final à PARIS est tronqué par KOHL qui était monté sur la 3ème marche
- le maillot à pois est bafoué toujours par le même KOHL
Tout n’est pas noir
Cependant, ce triste bilan ne doit pas occulter les signes encourageants entrevus depuis 3 à 4 ans. L’état sanitaire du peloton paraît s’améliorer.
En voilà quelques indices :
- Seulement 7 coureurs sur les 180 au départ ont été contrôlés positifs soit moins de 4% du peloton.
- Plus aucune équipe n’arrive à cadenasser le peloton à seulement 5 Kms d’une arrivée promise à un sprint massif
- L’Alpe d’Huez a été gravi par Carlos SASTRE moins vite que les précédents vainqueurs.
- Des français gagnent enfin hors de nos frontières comme S. CHAVANEL vainqueur de deux semi classiques en Belgique
- Ceux qui (sont propres et) carburent aujourd’hui, paient leurs efforts le lendemain
- Aucun français n’est concerné par une affaire depuis un moment
Pardonner aux « primo dopés »
Il y a et il y aura toujours des tricheurs dans le sport, le boulot et la vie.
C’est dans la nature humaine. Il faut les traquer sans relâche pour les débusquer.
L’important est de garder une ligne de conduite ferme contre le dopage en améliorant la qualité des contrôles et en s’occupant les canards boiteux (sportifs, médecins, pharmaciens, laboratoires, managers, entraîneurs, clubs, etc.).
L’UCI qui feint de vouloir laver plus blanc que blanc annonce le doublement des peines de suspension passant de 2 à 4 ans (ce qui rend quasi impossible tout retour). Mais attention, il ne faut pas se tromper de combat. Un coureur convaincu de dopage une fois ne doit pas être banni à vie parce qu’il a fauté.
Tout le monde à droit à une 2ème chance.
Même les pires assassins sont remis en liberté après avoir purgé une peine certaine (ou une certaine peine) de prison.
Les coureurs que j’appellerai « primo dopés » (c’est-à-dire non récidivistes) ont le droit de réintégrer la société (le monde professionnel) de laquelle ils ont été mis au banc.
Sa suspension effectuée, un repenti peut même devenir un modèle d’exemplarité voire de vertu comme l’écossais David MILLAR,
Notre capacité à «pardonner » l’impardonnable est une caractéristique du degré de civilisation de notre société.
Une prise de conscience à l’échelle planétaire
Il semble qu’il y ait une vraie prise de conscience mondiale (y compris de la part des américains) sur l’ampleur du phénomène et de ses ravages.
Le CIO a compris qu’en luttant contre le dopage il assurera sa pérennité et celle de ses JO. La haute instance olympique vient d’annoncer le rapatriement d’un millier d’échantillons de Pékin vers la Suisse pour les passer au crible du test CERA.
Nul doute, qu’on découvrira des cas positifs et pourquoi pas du côté du sprint jamaïcain ?
Attention ça sent la poudre !!
Rédacteur Christophe MACHADO