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Chères lectrices, chers lecteurs,

 

C’est à la demande du maître de ces colonnes que j’écris aujourd’hui ces quelques lignes. Invité à  participer plus activement à Vo2cycling, je n’ai pu qu’accepter cet honneur qui me revient de pouvoir m’adresser aujourd’hui à vous. Si la qualité de cette modeste chronique vous sied, et si ma façon de voir les choses vous plait, il pourra y en avoir beaucoup d’autres dans le futur. Si au contraire elle vous semble sans intérêt, je n’aurai plus alors qu’à m’éclipser, non sans avoir au préalable prononcé un « au revoir » à la tonalité présidentielle …l’erreur dans la porte de sortie en moins.

 

Le sujet de mon article du jour se trouve bien loin des projecteurs qui éclairent sans relâche les figures de proues du peloton. Il faut dire que Graeme Obree aura vite été mis au banc du monde cycliste. Pas assez sexy ! Pas assez bronzé ! Pas assez pharmaceutique ! Pas assez carbon ! Pour le dire plus simplement, le quidam qui croiserait le vieux Graeme dans un pub de son Warwickshire natale aurait plus tendance à lui proposer d’aller se pinter jusqu’à rouler sous la table que d’aller sprinter jusqu’à en faire péter les câbles (ne cherchez pas, cette phrase n’a aucun sens).

 

Il faut dire que la vie ne lui a pas fait de cadeau à Graeme Obree. Né dans une région ouvrière d’un pays sans soleil et ou l’on prononce les « r » comme sonne une éructation, il aurait très bien pu :

a) finir sous prozac,

b) se tourner vers sources de revenues peu recommandables,

c) tourner dans un film de Ken Loach ce qui l’aurait immanquablement conduit par la suite vers a) ou b).

 

Mais au lieu de ça, Graeme aura préféré faire la nique au monde cycliste professionnel en parcourant les vélodromes du monde sur des vélos de sa fabrication dont la position lui donnait franchement l’air idiot, soyons francs. Tout cela aurait pu être une très bonne blague si l’homme en question n’avait pas battue le record de l’heure de Francesco Moser en 1993, le tout dans une position similaire  à celle d’un crapaud dont les membres supérieurs seraient atrophiés. Un exploit véritable qui prouvait qu’Obree n’avait rien d’un clown.

 

Seulement voilà, le saint siège d’Aigle n’apprécie que peu le cirque et c’est avec l’aplomb des puissants sans humour que Graeme Obree sera destitué de son record grâce à un nouveau règlement inventé de toutes pièces pour le priver de son vélo rigolo au profit d’un Chris Boardman plus fréquentable. Depuis, l’homme erre, floué par Hollywood qui a réalisé un film inspiré de sa vie sans lui verser un centime. Seize années plus tard Graeme a décidé de porter à nouveau le fer en tentant de battre à nouveau le record dont il a été floué, cette fois sur un vélo standard, ne présentant aucun élément aérodynamique.

 

Quelque soit le niveau de compétition auquel nous pratiquons ; Quel qu’en soit le cadre, n’oublions jamais que le vélo reste un amusement d’enfants, un retour aux joies simples que nous avons pu connaître lors de notre premier coup de pédale sur un vélo équipé de petites roues. Ride and let ride

 

Bonne chance à Graeme Obree pour cette nouvelle tentative.

 

Gawain - Rédacteur VO² Cycling

 

 

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